Souvenirs perdus

Il ne me reste que quelques images éparses de ce qui m’est arrivé. Des bribes de souvenir m’assaillent par moment sans pour autant vouloir me livrer leurs secrets. Tout est flou dans ma mémoire, si bien qu’il m’est impossible de savoir qui je suis, d’où je viens, ni ce que j’ai pu faire ; ou plus exactement tout ce qui constitue le passé de chacun.
Je me suis réveillé un matin au beau milieu de nulle part, presque comme si je venais de naître. Je savais parler, marcher, ou effectuer toute autre action de la sorte, et gardais quelques notions essentielles telles que les concepts de temps, de distance ainsi que les détails pratiques les accompagnant, mais ça s’arrêtait là. Je ne savais rien du monde qui m’entourait, si d’autres personnes y vivaient, s’il existait une quelconque civilisation… J’étais totalement perdu, autant physiquement qu’intérieurement.
J’avais également conscience de quelque chose qui vibrait au fond de moi ; c’est une sensation assez difficile à décrire. Comme une force sous jacente qui faisait partie intégrante de mon être et qui se fondait dans ma personnalité, mais qui, étrangement, se séparait subtilement en deux types d’énergies distinctes. Pourtant, je n’avais aucune idée de ce à quoi elles correspondaient ni de pourquoi je les possédais. J’avais le sentiment que les autres personnes, si jamais il y en avait – et il devait y en avoir, il ne pouvait en aller autrement, n’étaient pas ainsi. Mais je n’aurais su expliquer d’où me venait cette impression.


Prenant lentement conscience de mon environnement, je vis que j’étais étendu au sol, entouré d’arbres. Le soleil matinal inondait l’herbe verte d’une lumière qui semblait couler de la cime de ces grands feuillus, dansant avec nonchalance sur leurs feuilles nimbées de rosée. J’étais donc dans une clairière, au milieu d’une forêt. Mais comment étais-je arrivé là ? Plus j’essayais de me souvenir, plus les souvenirs me fuyaient. Un peu comme lorsque l’on essaye de se remémorer un rêve qu’on vient de faire. Il est là, tout près, mais plus on se tend vers lui, et plus il s’éloigne de nous, ne laissant que quelques images dépourvues de cohérence dans notre esprit encore embrumé.
Souriant amèrement à cette pensée, je décidai de passer en revue tout ce que je savais sur moi. Mon nom : Ethane, il n’y avait pas de doute. J’avais vingt ans, bien que je ne me rappelasse d’aucun de mes anniversaires. Je me souvenais toutefois des mes goûts, mais c’était tout. Je m’effrayai devant ce vide improbable, comment était-il possible de n’avoir gardé aucun souvenir de sa vie, de vingt années ? De ne pas être capable de se rappeler du moindre événement passé ? Paniqué, je me repris et retrouvai mon calme, je ne devais pas me laisser submerger par les émotions si je voulais trouver des réponses à mes questions. Je ne savais d’ailleurs pas encore ce que j’allais faire, mais j’étais sûr d’une chose : je trouverais ce qu’il m’était arrivé, et pourquoi.

Me levant lentement, je sentis ma tête tourner douloureusement. Ignorant la douleur, je fis un pas, puis deux, vacillant sur mes jambes encore engourdies. Mon équilibre revint petit à petit, en même temps que mes sens s’éclaircissaient. Il fallait que je sorte de cette forêt, je trouverais peut être un village ou quelqu’un qui pourrait m’aider.
Je marchai plusieurs heures dans les broussailles, m’écorchant souvent dans les ronces avant de trouver un sentier praticable. Un peu rassuré – car il menait forcément quelque part –, je commençai à le suive.
Au bout de quelques interminables kilomètres, j’atteignis un fleuve de taille respectable. Limpide, il coulait paisiblement dans un écrin de végétation luxuriante, scintillant sous le soleil qui approchait de son zénith. Mais à mon grand désarroi, je découvris les restes de ce qui fut autrefois un pont, certainement emporté lors d’une crue plus dévastatrice que les autres.
La rive sur laquelle je me trouvais étant à peu près praticable, je décidai de la longer. Je trouverais bien un village en aval, il y en avait toujours plusieurs le long de cours d’eau de cette envergure.
Mon périple dura jusqu’au soir. Epuisé, voir enfin un signe d’habitation, même si ça semblait n’être qu’une ferme isolée, me fit chaud au cœur.
J’avais du quitter la berge devenue impraticable par endroit à de nombreuses reprises, faisant alors un détour éreintant dans la brousse qui avait investi le sous-bois. Heureusement, j’avais pu trouver quelques fruits pour me nourrir, la fin de l’été devait être proche.

- Maîtresse! Quelqu'un approche...

La femme s'approcha de l'ouverture de la fenêtre, et constata effectivement la silhouette chancelante qui venait d'en direction du fleuve. Il semblait seul, et blessé, ou épuisé à l'extrême. Elle fronça les sourcils, et ferma le volet de bois.

- Préviens les autres. Nous devons être prudentes.

L'autre femme, plus jeune, s'inclina et partit vers l'étage. Bientôt, plusieurs autres femmes descendirent, l'anxiété se lisant sur leurs visages.

- Maîtresse! Vous croyez qu'ils nous ont retrouvé?
- Qu'allons nous faire?
- Par tous les esprits...
- Silence! coupa la doyenne. Personne ne sait qui nous sommes. Cet homme n'est peut être qu'un vagabond.
- Les hommes sont dangereux, Maîtresse. Vous...
- Non. Je n'ai pas oublié ce qu'ils nous ont fait. C'est pourquoi nous empêcherons celui-ci de nous nuire. Et s'il n'est pas seul, nous les tuerons tous. Tenez-vous prêtes. Faedraï, Puma Lee, avec moi.

Deux femmes l'accompagnèrent au dehors, les mains crispées dissimulées sous leurs robes.


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HRP: Ces femmes sont méfiantes, envers les hommes. Je te propose un petit défi: je lance le Chi Do. Si ça tombe sur une face commençant par Yin, elle te croiront, quoi que tu racontes (tu seras donc tiré d'affaire). Si c'est une face commençant par Yang, elles t'attaqueront. Tu auras alors le choix d'engager un affrontement (baston), ou de t'enfuir (1 Succès et tu seras tiré d'affaire =) ).
Si ça tombe sur Cycle Impur, ce sont elles qui prendront la fuite.

Prêt?
C'est parti!

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'Chi Do' :