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Message par Ryūji 18/12/2010, 12:59

Précision structurelle:


Douzième année de l’Almanach de Biwa, « Pétale de Prunier Blanc », hiver.


- Par ce froid et dans cet état, tu seras mort d’ici deux ou trois heures. Et encore, c’est seulement si un animal sauvage ne s’amène pas pour grailler dans ton lard avant ! Vraiment, mon pauvre petit, tu ne trouves pas que ce serait préférable pour tout le monde que je te donne un bon coup de sabre sur le crâne, là, tout de suite ? Promis, je peux te décoller le chou-fleur des épaules d’un seul geste, promptement indolore, tu ne sentiras absolument rien. Enfin, si, un petit courant d’air au niveau du gosier peut-être, mais bon, on a rien sans rien mon gars !

Et le bébé, emmitouflé dans un frêle couffin de laine, observait de son œil curieux et rieur la pointe scintillante du sabre qui frôlait son petit nez. La fraîcheur de l’hiver et les quelques heures passées dans ce tendre berceau de neige glacée avaient rosi les joues rondes du bambin, alors qu’immobile dans le mince panier, il scrutait avec une singulière attention l’homme d’âge mûr penché sur son berceau, lui présentant ce bâton-jouet fuselé et brillant qui miroitait au soleil du petit matin.

« Vraiment… quel coup du sort sordide que ton chemin ait croisé le mien… Comprends moi bien, gamin, je ne suis pas assez gentil pour recueillir le premier mioche perdu venu, pas assez dévoué pour pouvoir m’occuper d’un poupon dans ton genre. Eyh… ne me fais pas ces yeux là, tu veux ? J’y peux pas grand-chose, moi, les temps sont durs ! Et pour tout le monde ! Non, vraiment… ne pas te laisser finir en sorbet, c’est le mieux que je puisse faire. »

Cet homme aux longs cheveux de la couleur de l’encre, retenus en une queue de cheval afin de ne pas entraver sa vision, ce personnage sans le sou qui portait un kimono trop ample dont la soie peinait à retenir les quelque chaleur que dégageait son corps malingre, était ce que l’on pouvait appeler : un Samouraï. Un Rônin plus précisément, un guerrier sans maître et désargenté, mais dont les principes et valeurs faisaient la fierté. En théorie.

« D’accord, d’accord, ça suffit… J’ai quand même un cœur, tu sais ? Alors on va faire comme ça… Je vais jeter en l’air la pirale qu’est censée m’empêcher de crever la dalle aujourd’hui, si elle tombe pile, tu termines ta congélation, pépère, et si c’est face, ben… je te ramasse, au moins pour un temps. Comment ça ma pirale c’est un sou de cuivre creusé avec rien qui permette de différencier une face de l’autre ? Tu me traites de tricheur, sale marmot ? Attends, je t’en fais une de marque, moi… et voilà ! Bon, ben, numérote tes abattis, je lance… ça tourneeee… et…

…Crotte…
»


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Message par Ryūji 18/12/2010, 13:20

Vingtième année de l’Almanach de Biwa, « Dragon de Jade ».


- Yukiko ! S’exclama abruptement le samouraï qui repoussait la porte de la petite maison aux murs en torchis, cherchant aussitôt du regard ce gamin osseux à la longue chevelure d’ébène, soyeuse et polie. Le mioche efflanqué était assis à même le sol, près d’une table où ses doigts décharnés épluchaient lentement un kumquat, maculant ses petites mains d’un jus jaune et sucré. Ayant croqué avec avidité dans la chair acide du fruit, le garnement releva la tête vers son tuteur, le fixant de ses yeux de la subtile couleur de l’ambre, étincelant de cette curiosité un peu ingénue qu’il manifestait à l’égard de toute chose, et ce, depuis le tout premier jour.

« Gamin, on vient de me dire que tu t’étais bagarré… » La voix du guerrier était ourlée d’une nuance de reproche, d’un zeste de colère auquel se mélangeait délicatement un rien de dépit : un sacré cocktail qui donnait à son visage un petit air maussade. Certaines personnes n’étaient pas bien douées pour les sermons.

- Ouais.

La réponse laconique du marmot arracha une grimace à son tuteur.

- Gamin… je ne t’ai pas enseigné ce que je sais pour que tu mettes en morceaux tes camarades de jeu ! On m’a rapporté que tu lui avais carrément brisé la rotule ! Ce grand dadais en a pour des semaines de convalescence ! Est-ce que cela valait vraiment la peine d’en arriver là ? Pour une petite dispute entre deux mioches crasseux ?

L’enfant parut méditer sa réponse, mastiquant silencieusement la pulpe de fruit, avant d’hocher la tête, une lueur déterminée s’était nichée dans l’écrin presque fauve de son regard.

- Ca me parait juste, Yashiro.

- Eh bien ça ne l’est sûrement pas. Trancha le samouraï, les traits de son visage se durcissant perceptiblement. Qu’importe ce qu’il a bien pu te dire, ce n’est jamais plus que des mots, et si ceux-ci t’ont blessé, c’est que ton cœur est trop faible et qu’il t’incombe de le renforcer. Qu’as-tu ressenti après l’avoir terrassé ? As-tu cru prouver ton courage en t’en prenant à plus grand que toi ? Si c’est le cas, laisse-moi te détromper. Tu as violenté un paysan sans la moindre éducation martiale, les quatre ans qui vous séparent ne suffisaient pas à combler cet écart. Tu l’as brutalisé, tu l’as martyrisé, lui a brisé le genou pour le voir gémir et pleurer, le visage contre la boue, tout ça parce que tu ne pouvais pas supporter les paroles de ce petit bouseux sans instruction.

Le jeune garçon accusa le coup, redéposant doucement le fruit qu’il avait pressé avec un peu trop de force durant la diatribe de son aîné. Les traits juvéniles de son visage demeuraient impassibles, et pourtant, un douloureux blizzard soufflait sur son cœur. Le gamin se leva, le regard baissé, et se détourna.

« Un instant, Yukiko… qu’est-ce qu’il a bien pu te dire pour que tu te mettes dans un état pareil ? Tu ne m’avais jamais paru si susceptible… »
Le marmot se figea, les épaules agitées d’un faible tremblement, vu de dos, il paraissait près à fondre en larmes à tout instant.

- Yashiro… je… Murmura-t-il, dévasté. « Yukiko », c’est un prénom de fille, en fait…
Le samouraï cligna des yeux alors que son jeune protégé quittait la pièce d’un pas précipité.

- …Crotte…


Dernière édition par Ryūji le 21/2/2011, 22:44, édité 2 fois
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Message par Ryūji 25/12/2010, 13:17

Vingt-cinquième année de l’Almanach de Biwa, « Chrysanthèmes Ecarlates ».


Assis en position « zazen », Mamoru Takizawa honorait ses respectables ancêtres. Les yeux fermés, le vieil homme se délectait du parfum de bois de santal que déposait dans la salle de méditation la combustion d’un bâtonnet d’encens. Le déférent quinquagénaire débutait toujours la journée en remerciant les esprits de la lignée Takizawa ; prier dans cette chambre close alors que le soleil quittait timidement le berceau de l’horizon, où quelques vivifiantes bourrasques matinales apportaient par la fenêtre ouverte les douces fragrances de l’été était le second plus grand plaisir de sa vénérable existence. Sur ses genoux, reposait dans un fourreau laqué d’un noir que les premiers rayons du jour rendaient brillant, un sabre à la lame longue et doucement ondulée ; un présent que lui offrait la hiérarchie en commémoration de sa retraite après de bien longues années de service en tant que magistrat, une arme esthétique et authentique, issue de la forge renommée du défunt maître Angetsu. Dans l’acier, à la base de la lame, la devise « Préserve la Paix de ton Esprit » était gravée, paroles fétiches de l’artisan décédé, qui de son vivant considérait le sabre tel un précieux artefact spirituel, une aide à la méditation.

Dans le dos de l’ancien magistrat, le souffle du vent forcit, se fit brusque et rude, comme soudainement alourdi. Un étrange pressentiment s’empara alors du vieil homme, qui empoignant la délicate poignée de son sabre, sauta avec fermeté sur ses pieds et se retourna d’un même mouvement.

Par la fenêtre du premier étage de l’honorable maison des Takizawa, en même temps que la brise et que la chaleur diffuse du soleil paresseux, s’était infiltré un étrange personnage, dont le lourd accoutrement d’un bleu nocturne contrastait incongrument avec cette belle matinée estivale. Un morceau d’étoffe sombre masquait le visage de cet intrus inopiné, faisant ressortir la couleur ambrée de ses yeux au travers de la frange noire et inégale qui lui barrait le front.

La logique aurait voulu que le vieillard prévienne sa famille de l’intrusion, fasse venir les gardes, et le probable voleur, ramassé sur son corps frêle, comme prêt à bondir, s’attendait vraisemblablement à cette réaction, mais pourtant, Mamoru Takizawa ne laissa pas jaillir de ses lèvres le moindre mot, jaugeant de son regard et de son expérience le chétif adolescent bizarrement fagoté.

- Tu n’appelles pas à l’aide, le vieux ? Interrogea le malandrin d’un ton neutre, sa voix qui n’avait pas encore muée trahissait sa terrible juvénilité.

L’ancien magistrat, musculeux et large comme une montagne que le temps aurait peu à peu érodée - sans toutefois réussir à lui enlever de sa superbe - eut un rictus méprisant. L’intrus était un chétif adolescent, complètement désarmé… qu’espérait donc cet avorton efflanqué ? Venait-il mendier un peu de nourriture ? La maigre silhouette du gamin, ses côtes qui demeuraient amplement visibles sous les couches superposées d’étoffes bleutées, sa figure pâle et émaciée, tout cela éveillait la mansuétude du vieux guerrier, ce qui le décida à laisser une petite chance au chapardeur famélique.

- Repars d’où tu viens, petit, ne me force pas à te livrer aux magistrats.

Sans répliquer, le voleur leva les poings, développant une posture de combat souple et orthodoxe : témoignage d’une certaine habilité martiale. Le vieil homme perçut l’éclat de défi qui brillait dans ces yeux ambrés, et conclut que le mioche avait fait son choix, mais ce n’était pas le bon… Un frisson d’excitation parcourut sa vénérable carcasse, depuis combien de temps n’avait-il plus pris part à une rixe ? Ce sentiment qui vous étreint alors que la lame d’acier quitte lentement son fourreau, poussant ce sifflement strident, annonciateur de la bataille à venir, cette impression de se saisir de la vie de son adversaire, de la tenir au creux de ses mains, cette soif de sang et ce désir ardent d’éprouver sa force, de la confronter à autrui, et de vaincre… ces émotions palpitantes qui l’enlaçaient à l’instant fatidique étaient la raison pour laquelle, en ce monde, Mamoru Takizawa n’aimait rien mieux que le combat.

Avec une stupéfiante célérité, l’intrus s’élança, non pas vers le vieux soldat qui défouraillait son arme, mais droit vers la table basse, dans un coin de la pièce où reposait une petite théière bouillante, conservant la chaleur du breuvage parfumé qui emplissait son ventre. En un éclair, le jeune garçon sauta sur le meuble pour se saisir de l’anse du récipient du bout du pied - au cours d’une nouvelle foulée - et l’expédier vers le vieil homme d’un large mouvement de la cheville. Le projectile en porcelaine s’écrasa contre l’épaule de l’ancien soldat, s’y brisant pour laisser exploser les bouillonnantes gerbes d’un thé fumant au romarin qui arrachèrent un gémissement mêlant affolement et douleur, ainsi qu’un ample mouvement de recul au vénérable guerrier.

Partiellement brûlé au bras gauche et au visage, le soldat ne vit qu’à peine le corps de son frêle adversaire qui s’élevait aisément dans les airs, et reçut de plein fouet le coup de talon qui percuta violemment sa mâchoire, rejetant sa tête en arrière et l’amenant à tituber piteusement afin de conserver un équilibre précaire.

Son sabre, empli de peur et de colère, se mit à mordre l’air avec férocité, sa lame édifia devant le vieil homme légèrement étourdi une barrière d’acier rugissante qui empêcha le voleur de poursuivre son assaut, le contraignant à prendre de nouveau ses distances. Ayant le temps de souffler, l’ancien magistrat reconsidéra son adversaire, la pointe de son arme dardée vers lui, frappant d’estoc dès que celui-ci faisait mine de s’approcher. Le vieil homme au souffle court avait l’impression de tenir en respect un animal sauvage. A cause de sa silhouette désincarnée et maigrelette, il l’avait d’abord pris pour un faon, frêle et inexpérimenté, mais l’attaque qu’avait subie le vieux guerrier avait eu tôt fait de le désillusionner. L’intrus était un jeune loup, dont les crocs se trouvaient déjà suffisamment aiguisés pour blesser le soldat à la retraite qu’il était.
Son calme retrouvé, empêchant le malandrin de parvenir à son contact d’un vif coup de sabre horizontal qui frôla le morceau d’étoffe obscure qui masquait son visage, Takizawa étudiait la rixe d’un œil neuf et vigilant. Lame au poing, son corps se rappelait comment combattre, son esprit s’affûtait à chaque attaque, l’adrénaline pulsait dans son sang, contre ses tempes, et un large sourire goguenard fleurit sur son visage fraîchement ébouillanté et douloureux.

Sa tête lui tournait encore après la violente frappe du talon qui lui avait éclaté la lèvre inférieure, la décorant de petits stigmates sanglants, cette décharge de douleur qui irradiait depuis sa mâchoire blessée, il comptait bien la lui faire payer… d’un coup net, il ouvrirait l’estomac de ce voleur impudent. Son vieux corps de guerrier se jeta soudainement à la rencontre de son adversaire, les biceps bandés avec une telle violence qu’ils en devenaient douloureux et le sabre serré de ses deux mains, Takizawa fit décrire à son arme une courbe assassine, partant latéralement du sol pour venir plonger dans le torse du malandrin. La lame déchiqueta largement le tissu de ses amples vêtements alors que l’adolescent se rejetait contre le mur, évitant de justesse d’écoper d’une blessure qui lui aurait été mortelle. Pris au piège, ses yeux de fauve se plissèrent et ses jambes se fléchirent, il tâchait de ne pas se laisser déconcentrer, de demeurer insensible à la sueur glacée qui ruisselait abondamment sous l’étoffe qui dérobait son visage juvénile.

Le vieux soldat profita de l’immobilité de son adversaire pour donner un nouveau coup, la lame d’acier vrombit dans l’air, éclair blanc meurtrier destiné à cueillir l’épaule gauche de l’adolescent et à le foudroyer.

Il lui fallait attendre. S’astreindre au calme et patienter jusqu’au moment opportun, où le bras du soldat serait pleinement détendu. Lorsque la pointe du sabre ne fut plus séparée que de quelques pouces de la clavicule du jeune malandrin, le corps de celui-ci se détendit telle la corde d’un arc, le projetant à la rencontre de son adversaire. Sous le regard fiévreux du soldat, le poignet du garçon heurta soudainement le fil de l’épée, dans un choc métallique strident qui se poursuivit à mesure que le voleur tenait à distance la lame tout en se plaçant au corps-à-corps.
Les yeux exorbités du magistrat demeurèrent figés sur le membre frêle de l’adolescent qui résistait et glissait sur l’acier aiguisé de son arme. Sous son ample vêture, le gamin portait des gantelets de protection ! Cette pensée subite transperça le brouillard confus qui étreignait son esprit, y ramenant un semblant de lucidité. Mais le mal était fait. Profitant de l’effet de surprise, l’enfant s’était jeté au contact de son opposant, et d’un mouvement employant tout son poids, lui heurtait maintenant le plexus d’une lourde frappe de la paume de sa main libre. Agité d’un soubresaut, le vieil homme fut plié en deux par la douleur, et sa mâchoire vacilla mollement vers l’avant. Cet aveu de faiblesse que confessait son corps endolori aurait pu être le signe que la rixe touchait à sa fin, mais il n’en fut rien.

Impitoyablement, le gantelet d’acier qui caparaçonnait la main gauche du garçon cueillit le menton de son adversaire chancelant. Cela ne suffisait pas… L’enfant frappa encore, serrant les poings jusqu’à ce que ses ongles percent ses paumes, s’abandonnant furieusement au combat et à sa folie pour faire pleuvoir un déluge de coups vrombissants contre cet opposant massif et sonné qui n’aspirait plus qu’à mettre genou à terre. A bout de souffle, le garçon laissa finalement pendre le long de son corps ses bras ankylosés. L’adversaire contusionné tomba lourdement à la renverse, vaincu et pourtant encore conscient, sa respiration brisée, lourde et sifflante, résonnant bruyamment dans la salle de méditation. Malgré tout cela, alors que des gémissements de souffrance fuyaient ses lèvres craquelées et sanguinolentes, Mamoru Takizawa tenait encore fermement son sabre au creux de sa main gauche.

La tension de l’affrontement était retombée, l’adolescent se rendit soudainement compte de la vive brûlure qui enflammait son abdomen, et posa une main fébrile contre son ventre. Consciencieusement, il suivit de son index la fine ligne de douleur qui sectionnait sa peau, d’un flanc à l’autre. Ses vêtements avaient été éventrés lors de l’attaque, et il s’en était fallu de peu pour qu’il répande le contenu de son estomac sur le sol. Derrière son masque de toile, le malandrin grimaça nerveusement. Peut-être s’était-il surestimé. Les choses auraient pu tourner autrement.

Secouant doucement la tête et rejetant l’idée d’une possible défaite, l’enfant écrasa d’un vif coup de talon le poing gauche de son adversaire, comprimant ses doigts contre la poignée de l’arme et le forçant à lâcher prise, ce que fit le soldat dans un grognement douloureux. Aussitôt, l’intrus s’empara du sabre et déposa la pointe de la lame contre les replis de peau que formaient le cou du vieil homme.

- Est-ce celui-ci, la dernière œuvre de feu maître Angetsu ?

L’ex-magistrat se confronta au regard du jeune vainqueur, mais n’y scintillait que l’éclat mordoré de la détermination. S’il ne répondait pas, il serait tué.

- Oui… Acquiesça-t-il faiblement.

- A-t-il déjà servi ?

- C’était aujourd’hui la première fois…

Un sourire réjoui éclot sur le visage voilé de l’adolescent. Une fine trace de pourpre embrassait la pointe de la lame ondulée, à l’exact endroit où le sabre avait entamé sa chair et faillit le terrasser.

- Mon sang est donc le premier auquel il ait pu goûter. Et il y avait de la satisfaction dans ces paroles.

Sur ces mots, le voleur récupéra le fourreau et rengaina son trophée, pour disparaître comme il était venu par la fenêtre ouverte du premier étage, dans un souffle de vent épais, comme un soupir en cette chaude matinée d’été.


***


Les mains enserrant avec tendresse les contours d’une tasse à la douce couleur du jade, Yashiro prit une large inspiration. Les onctueuses vapeurs du thé à la prune infiltrèrent ses narines et arrachèrent au rônin un vaste soupir épanoui. Avec délicatesse, il mena le breuvage à ses lèvres closes, de cette douceur avec laquelle on mène une femme à la danse, et après quelques secondes d’une divine abstinence, permit à l’enivrante boisson de répandre sa saveur sur ses papilles.
Le goût richement fruité encore déposé contre son palais, Yashiro se saisit de l’un des petits gâteaux de riz disposés devant lui, sur une fine soucoupe en écailles de tortue, et n’en fit qu’une seule bouchée, se délectant de la tendresse et du moelleux de l’aliment avant de croquer sauvagement dans le subtil morceau de prune que recelait la pâtisserie.

Dégustant les yeux mi-clos comme seuls le font les initiés, le fin gourmet avala une nouvelle rasade de son thé, et redécouvrit d’un regard neuf et apaisé le lieu où il prenait du repos.

L’intérieur de la maison de thé du petit village d’Amino était tapissé d’un papier-peint au ton pastel, d’un vert d’eau agréable à l’œil qui s’ajustait à un revêtement en bois sombre de marronnier. L’endroit était petit et convivial, ne jouissant que de cinq tables maigrelettes et bien espacées afin que le client puisse prendre ses aises, savourer le thé et les douceurs locales au même titre que la caresse des vents de l’est qui s’en venaient des portes coulissantes toujours ouvertes.
En cette paisible et tiède fin de journée, l’établissement ne commençait qu’à peine à se remplir, et Yashiro, le ventre plein, se laissait aller à doucement somnoler.

Songeant à la manière dont il avait orchestré les évènements de ces dernières semaines, le rônin eut un sourire plein de malice. Comme après avoir joué un bon coup au pai-sho, le samouraï se sentait… malin, fier de lui et de l’usage qu’il avait fait de sa petite cervelle.
Yashiro s’y revoyait comme si c’était hier, prononçant ces mêmes exactes paroles au sale marmot qu’il tâchait d’élever, tant bien que mal : « Gamin… Quel âge tu as ? Treize, quatorze années ? Je pense qu’il serait peut-être temps que tu te prennes un peu en main. Je te cause d’un métier, mais pas seulement, tu ne peux pas te prétendre samouraï si grand comme tu es, tu utilises encore le sabre de ton vieux maître pour pratiquer. A ton âge, je m’étais fait embaucher comme aide chez le forgeron local afin de ramasser de quoi m’offrir mon propre coupe-chou, et tu sais quoi ? Tu vas faire pareil. Dans la bourgade voisine, Amino, vit un camarade à moi, Tamao, un forgeron, le petit-fils du vieil Angetsu lui-même. …tire pas cette tronche-là, je sais bien que t’as pas la moindre idée de qui c’est ce loustic. Bon, quoiqu’il en soit, je vais lui envoyer un petit mot histoire de voir s’il ne peut pas te prendre sous son aile le temps que tu amasses suffisamment de pépètes pour te dégotter une arme correcte. »

Et sitôt ce fut dit, sitôt ce fut fait, mais ce que Yashiro n’avait pas mentionné à son garnement, c’était que les finances étaient actuellement au plus bas, et qu’il ne lui était guère possible de dégotter un poste de garde-du-corps suffisamment rémunéré pour les faire vivre tous les deux s’il devait rester fixé au village afin de veiller au bien-être du bambin.

En mettant à profit ces quelques semaines pour assurer la protection d’un riche marchand au cours de ses pérégrinations, tout en donnant une précieuse leçon de vie au petit Yukiko, le rônin faisait donc d’une pierre deux coups. La bourse pleine et l’esprit contenté, il s’en venait finalement au petit village d’Amino afin de récupérer le gamin, sans oublier au préalable de se récompenser pour son dur labeur en faisant un rapide passage à la maison de thé, bien entendu !

Yashiro baignait dans cet état de satisfaction rance lorsqu’un magistrat pénétra l’établissement, foulant de son pas rude le plancher de bois brillant. Le rônin n’appréciait guère ces gens-là, alors, plus par précaution que par nécessité, il rabattit sur lui son manteau – malgré la relative tiédeur de l’air – afin de dérober à d’éventuels regards le sabre qui pendait à sa ceinture. Il piqua ensuite du nez dans sa tasse de thé.
Décidé à ne tirer sa révérence que lorsque l’homme de loi en aurait fait de même, le samouraï sans maître fit de nouveau remplir son gobelet. Prisonnier des plaisirs de la dégustation de longues secondes durant, Yashiro ne releva la tête que lorsque la conversation qu’entretenaient le magistrat et le tenancier piqua timidement son intérêt.

- Un marmot, vous dites ? Lâchait dédaigneusement le propriétaire, l’anse d’une délicate théière captive de sa large pogne et prononçant bizarrement chaque syllabe, comme s’il avait la bouche remplie de saindoux.
Son doigt, long et osseux, s’enfonçait dans la basse qualité du parchemin sur lequel était reproduit un personnage maigre et trop amplement vêtu, dont le regard vindicatif ressemblait à celui d’un fauve affamé, ou blessé.

Un gamin chapardeur, voilà qui ne paraissait en rien exceptionnel au samouraï. Des mioches qui crevaient la faim, ça tapissait presque les rues, il fallait vraiment être magistrat pour s’en étonner ! Et plus bête encore pour aller jusqu’à accoucher d’un avis de recherche ! Vraiment, qu’avait bien pu faire ce petit corniaud pour mériter pareil traitement ?

- Oui, il a agressé le chef de la famille Takizawa et lui a dérobé une arme de valeur. Un sale gamin aux yeux presque jaunes.

Yashiro Ijichi se pétrifia à mesure que les paroles du magistrat s’imprimaient dans son esprit. La tasse qu’il portait à ses lèvres sautilla mystérieusement hors de ses mains et répandit son contenu sur la belle nappe de dentelle blanche. Un grand frisson nerveux parcourut la vieille carcasse du rônin, alors que se relevant avec fracas - renversant sa chaise dans le processus - il fut confronté au regard plein de curiosité et de défi du personnage dépeint sur l’affichette, cet animal qu’il s’efforçait d’élever tant bien que mal depuis maintenant… quoi… treize, quatorze années ?

- Crotte ! Hurla-t-il sans y penser, et il fut bien en peine d’expliquer son comportement au magistrat qui s’en vint promptement vers lui.
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