[RPM] L'Azalée Cendrée

Nombreux sont ceux qui, avides de grands espaces et de frayeurs, traversent les immenses plaines qu'offre le Sekai. Le paysage plat, les odeurs, les sons...Tout ce qui fait que ce décor est plein de promesses. On y rencontre à la fois le meilleur et le pire, le repos ou bien l'impatience. Des lieux splendides qui n'ont pour seule limite que la vue. Parfois on y trouve un lac aux reflets d'iris, une rivière apaisante, ou bien encore une forêt à l'aube de son existence. C'est ce qu'avait aperçut Yver après quelques heures de marches : une de ces clairières désireuses d'étendre ses ramures vers le ciel qui se faisait clément, mais aussi ses racines au plus profond de la terre.

Il avait quitté dans la matinée le petit village de Sei Yin, où il avait passé la nuit précédente. Beaucoup de villages du Royaume de la Terre offraient l'abri aux voyageurs égarés, et l'on y était reçu avec toute la distinction et la noblesse que pouvaient offrir ce glorieux peuple. Le jeune médecin avait profité de sa halte pour guérir un vieil homme de sa fièvre, et lui avait laissé quelques mesures de la poudre littéralement miraculeuse en cas de rechute. En remerciement, on lui avait offert quelques flacons vides à remplir de médicaments, mais aussi et surtout un parchemin poussiéreux. Le document antique indiquait la préparation d'une potion qui, correctement réalisée, était à même de ressouder une fracture en seulement quelques jours.

Yver avait d'abord refusé catégoriquement qu'on lui confie pareil trésor, mais l'homme qu'il avait soigné, ancien médecin aujourd'hui vaincu par les années, avait insisté pour qu'il l'emporte avec lui. Il désirait plus que tout rencontrer un de ces nouveaux médecins itinérants, à qui il pourrait transmettre son secret le plus cher. Cette potion portait le nom de Jus de Cendre, un nom qu'elle devait à sa couleur, ainsi qu'à son unique ingrédient, l'Azalée Cendrée. Une fleur rarissime qui ne poussait qu'au pied des saules en bonne santé. Ces même saules qui semblaient composer la clairière devant laquelle notre voyageur se tenait.

Le destin semblait favorable au jeune herboriste : il n'avait eut à marcher que quelques heures vers le Nord-Ouest, sa destination initiale, pour trouver le rassemblement végétal. Le ciel était dégagé, la température supportable. Il pourrait sans doute rester ici quelques heures pour apprendre la conception du Jus de Cendre. Il disposait d'assez d'eau dans son outre pour préparer au moins deux fioles de cet élixir. Ne restait plus qu'à trouver la fleur convoitée, la préparer et réaliser le jus.

Partie II : Au pied de l'arbre
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Au bout de dix minutes de recherches infructueuses, Yver cessa de scruter le sol, et croisa les bras tout en soupirant. De toute évidence, aucune Azalée Cendrée ne se trouvait dans la clairière. Il était persuadé d'en avoir fait le tour, mais pourtant rien sur la terre meuble ne semblait indiquer que la fleur avait pour habitude de pousser par ici. Les arbres semblaient pourtant parfaitement sains. Peut-être n'en avaient-ils que l'apparence après tout. Non. Il devait continuer à chercher : si il parvenait à mettre la main sur cette plante, il pourrait gagner, en plus de l'expérience dans son domaine, un allié précieux. Le Jus de Cendre était jusqu'à présent un des médicaments les plus puissants dont il avait entendu parler. De plus, celui qui lui avait confié ne l'avait certainement pas fait pour que la tentative se solde par un échec. Le médecin devait continuer.

Le jeune homme fit demi-tour, prêt à fouiller l'endroit sous tous ses aspects. Mais à peine eut-il fait un pas qu'il trébucha sur une racine qui, par un prodige quelconque, n'avait pas réussit à le piéger dans l'autre sens. Ainsi donc Yver s'étala de tout son long dans la poussière rougeâtre du sous-bois, en pestant avec force vocabulaire sur tous les pièges que pouvait tendre le destin. Alors qu'il était encore sur le ventre, il crut distinguer à quelques centimètres de lui une étrange plante aux petites fleurs ternes. Il réajusta ses lunettes, dorénavant brisées, et constata non sans soulagement que, devant son nez, une superbe Azalée Cendrée s'épanouissait. Elle portait suffisamment de fleurs pour remplir une gourde entière de potion. Si sa préparation échouait, il aurait au moins de quoi la retenter plus tard.

Le vagabond se releva lentement, pour ne pas froisser ses membres endoloris, épousseta son kimono ainsi que son hakama, avant de s'accroupir de cueillir précautionneusement la petite perle. Il l'observa un instant, avant d'à nouveau se relever. Un craquement lui indiqua qu'une sieste serait bienvenue. Il l'ignora et se dirigea vers le centre de la minuscule forêt, là où se tenaient deux pierres tout à fait à même d'extraire la sève de la plante. Il s'assit en tailleur devant elle, et rinça les rochers à l'aide de son outre. Il devait faire preuve de parcimonie, car il lui restait à peine assez d'eau pour réaliser le Jus de Cendres. Il sortit de sous son ample vêtement le parchemin et le déroula à ses côtés, avant de couper avec soin quatre des six fleurs de l'azalée. Le roc était légèrement penché, récolter la sève ne serait donc pas trop ardu. Enfin il commença à presser les pétales, guettant la moindre anormalité.

La pression des fleurs se passa sans accroc majeur, la première tentative manquant de peu d'échouer. Yver s'était en effet, par mégarde, écrasé le doigt en maintenant les pétales, aussi il avait dut faire appel à sa Maîtrise pour évacuer son sang de la sève. Au final, il avait réussit. Les indications du parchemin avaient été suivies à la lettre, et il regardait à présent le jus s'écouler lentement sur la pierre. Il posa son pressoir et s'empressa de sortir les deux récipients et de les placer à l'extrémité de la trajectoire des petits ruisseaux de vitalité. La belle couleur argentée de la sève lui certifia que le vieux médecin, qui avait été son maître pendant un instant, pourrait un jour reposer en paix. Son présent n'avait pas été vain, et il permettrait de soulager de nombreuses personnes.

Le jus s'écoula goutte à goutte dans les fioles, si bien que toutes deux étaient remplies au tiers. Il faudrait remplir les verres à ras bord pour que le dosage soit respecté. Yver versa donc une partie de son outre dans les réceptacles, à présent pleins à craquer de potion salvatrice. Il y avait assez de Jus de Cendres pour remettre sur pied dix personnes. Le concentré était tel que seulement quelques gouttes dans une gourde remplie d'eau suffiraient à ressouder les plus graves fractures.

Sitôt le dosage terminé, le médecin rangea précautionneusement les fleurs restantes dans la poche intérieure de son kimono, aux côtés des deux fioles pleines d'espoir et de santé. Il jeta un regard amusé à la racine qui lui avait porté chance quelques minutes plus tôt, avant de remonter ses lunettes sur son nez. Il n'avait pas passé une heure dans ce lieu qui resterait gravé dans sa mémoire, il pouvait donc compter sur le repos de cette nuit pour être d'attaque le lendemain.

Il resserra sa veste, et reprit la route vers Omashu, laissant la clairière comme il l'avait trouvée, un de ses trésors en moins. Il devait trouver un endroit où passer la nuit, mais c'était à présent le cadet de ses problèmes : sa réussite brillante et le cadeau du médecin usé lui avaient redonné chaud au cœur, et il n'était que plus déterminé à avancer sur la voie de l'herboristerie. Jusqu'à ce qu'enfin, la Morsure du Froid ne lui résiste plus.

[HRP : Je tiens à m'excuser du côté brouillon de mes lancers de dés. Venant tout juste de saisir le concept, j'ignore encore à quelle cadence ils doivent être effectués pour qu'ils ne pourrissent pas l'aspect global du RP. Je vais remédier à cela le plus vite possible. J'espère de tout cœur que mon petit récit vous a plut ^^]