The Legends of the Avatars
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Derniers sujets
» Haïku =)
[Rp métier] Phénix et Dragon Icon_minitime3/7/2018, 05:32 par Ethane

» k€k€lAnd PaRaDaïZ
[Rp métier] Phénix et Dragon Icon_minitime3/7/2018, 05:29 par Ethane

» [Musique] J'écoute...
[Rp métier] Phénix et Dragon Icon_minitime11/6/2017, 11:21 par 

» Je relance de dix (ans) !
[Rp métier] Phénix et Dragon Icon_minitime13/10/2016, 14:44 par Dagniir

» [Spoilers] Discu TLO Korra
[Rp métier] Phénix et Dragon Icon_minitime14/11/2014, 21:39 par Kestrel

» [project] Xmas 2012 gift exchange
[Rp métier] Phénix et Dragon Icon_minitime2/12/2012, 14:55 par Shu Lien

» [Projet] Fusion avec "Avatar, la leggenda di Aang & Korra"
[Rp métier] Phénix et Dragon Icon_minitime19/11/2012, 13:07 par Lessie

» Gel du forum
[Rp métier] Phénix et Dragon Icon_minitime18/11/2012, 15:51 par 

» Défis d'écriture... en musique
[Rp métier] Phénix et Dragon Icon_minitime14/11/2012, 21:59 par AvatarAang

» BONJOUR
[Rp métier] Phénix et Dragon Icon_minitime14/11/2012, 13:53 par Kestrel


[Rp métier] Phénix et Dragon

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas

[Rp métier] Phénix et Dragon Empty [Rp métier] Phénix et Dragon

Message par Ryūji 30/1/2011, 12:52

Tristesse et mélancolie. Malice et candeur. Et puis… quelque chose de fauve, de sauvage… d’indompté. Tant de sentiments imprégnaient ce regard d’or, dont il la toisait avec une attitude résolument défiante. Un sourire suffisant à ses lèvres claires et fines, le menton dressé et arrogant, il s’agenouillait devant elle sans témoigner de la moindre soumission.

Quelque chose, dans cet aplomb ou peut-être dans ce regard sans détour, lui plut. Il était semblable à un animal rétif mais attendrissant, toujours plein de fraîcheur, et ses yeux… ses iris étaient tels ceux d’un loup.
Sur ces seuls critères, elle ne pouvait toutefois pas le choisir et expliciter sa décision, mais ce regard… Dame Kaguya no Genji sut qu’elle le ferait sien.


* * *

Du thé noir, fort, doucement parfumé d’une poignée de pétales de jasmin, parvenait à ébullition dans la petite théière en fonte. Ôtant le couvercle du récipient afin d’en humer le contenu, le lige libéra dans la cuisine une fragrance puissante, vivifiante, mais assez florée et délicate pour démasculiniser le breuvage, pour satisfaire au palais d’une Dame.
Jugeant satisfaisante la richesse de l’arôme, le jeune servant disposa le récipient et son verre à thé -tous deux assortis et traditionnels, dépourvus de la moindre fioriture- sur un plateau, qu’il monta avec empressement à la chambre de sa maîtresse. Devant la porte coulissante close, revêtue de papier couleur safran sur lequel se dessinaient les ombres, il s’annonça d’une voix claire et cérémonieuse.

- Dame Genji, je vous apporte votre thé.

Après trois secondes de patience purement protocolaires, le lige fit glisser la cloison et pénétra les appartements de l’héritière du clan Genji. La chambre était vaste, revêtue de tatamis neufs exhalant une odeur prononcée de paille de riz fraîche. Les murs en bois de cyprès clair étaient drapés de larges tentures pourpre et or, estampillées des feuilles de bambou caractéristiques du blason familial. Bien que la matinée fût assez avancée, la pièce était encore enveloppée d’un mince voile de pénombre, à peine déchiré par d’étroits faisceaux de lumière se glissant par les interstices des stores clôturés. Et pourtant, dos à la fenêtre close, s’esquissait une silhouette entre les ombres, caressée de frêles rayons solaires. Svelte et délicate, assise derrière un bureau en frêne massif et ornementé de feuilles d’or, travaillait bruyamment Dame Kaguya no Genji, s’abimant les yeux dans l’obscurité à lire et à trier d’épaisses liasses de rapports, avec comme une espèce d’impatience fébrile mais efficace, froissant le papier dans sa hâte et expédiant la besogne au plus vite.

Le reliquat d’une bougie fondue et ratatinée, sinistre trophée d’une nuit passée à se tuer à la tâche, confirma au serviteur ce qu’il savait déjà. Le spectacle de sa maîtresse, trimant dans la pénombre sans même lever le regard en sa direction, arracha à l’homme-lige un sourire… aigre, mêlant amusement, dépit et un curieux zeste d’insolence, le tout heureusement aussitôt happé par l’obscurité.
Débarrassant un coin de la table sans un mot, classant les rapports que sa dame avait rédigés pendant la nuit et son matériel d’écriture, le servant déposa enfin son plateau, puis contourna le bureau d’un pas leste pour ouvrir le store d’un geste diligent.
La lumière coula dans la pièce, révélant la richesse et le lustre des tentures et du mobilier, joua sur l’or fin qui embellissait le bois sculpté, et percuta avec violence son éminence, Dame Kaguya du clan Genji, qui étouffant un grognement souffreteux, se rejeta brusquement contre le dossier de sa chaise en protégeant ses yeux.


La peau de l’Héritière avait la teinte, le blanc immaculé des glaciers de la Marche Céleste. Une couleur pure, comme inaltérable, qui drapait la demoiselle d’une impression de fragilité démentie par la fermeté de son regard, noir comme une nuit sans lune, des iris tels deux flaques de profonde obscurité. Ses lèvres étaient d’un rose clair et tendre, délicatement dessinées, et son menton volontaire. Une longue chevelure aile-de-corbeau filait librement contre sa nuque et son dos, dépouillée des subtiles tresses et broches en rubis qui la parsemaient d’ordinaire.
Le labeur d’une nuit avait creusé de légers cernes sous ses paupières et la toilette or et écarlate qui habillait ses courbes discrètes était froissée. Esquissant un sourire poli, le serviteur emplit la tasse de sa maîtresse et la lui présenta. Pour lui redonner un peu d’aplomb, il avait fait le thé fort, puis l’avait parfumé de fleurs de jasmin et sucré d’une cuillère de miel pour atténuer son amertume.

Il laissa la demoiselle boire en silence, immobile et invisible jusqu’à ce qu’elle daigne relever vers lui son regard. Un sentiment, une joie légère embrassa son cœur lorsque Dame Kaguya, ayant fait un sort à son breuvage, poussa un petit soupir contenté et hocha la tête avec approbation.

- Qu’avons-nous aujourd’hui, Yashiro ? Demanda-t-elle en se laissant servir une nouvelle tasse de thé.
Le serviteur détacha de sa ceinture un rouleau de parchemin, qu’il déplia devant lui d’un geste solennel. Ses yeux parcoururent les annotations qu’il connaissait déjà par cœur, et il récita.

- D’ici une heure, vous avez une entrevue avec le conseiller qu’a dépêché votre père. Il désire s’entretenir avec vous de la gestion du domaine et semble vouloir vous confier une tâche qu’il n’a pas daigné nous expliciter. Etant arrivé hier au soir, nous l’avons logé dans une chambre de l’aile ouest, dont le balcon donne sur le Jardin de l’Eau et du Lotus.

Les yeux clos, Dame Kaguya buvait son thé à petite gorgée, acquiesçant distraitement aux paroles de son lige.

« Votre coordinateur militaire, maître Halzan, vous demande également audience, selon vos disponibilités, à toute heure de la journée. Le recrutement de nouvelles troupes lui semble nécessaire et il désire procéder à une réorganisation majeure du corps hiérarchique. Je vous suggère de le convoquer vers quatorze heures, après votre repas. »

Inlassable, le servant dénomma une quinzaine de tâches et entrevues, toutes -semblait-il- de la plus haute importance.

« …et finalement faire parvenir message et présent au chef du clan vassal Mori, en commémoration de la naissance de son premier héritier. Ce sera tout, ma Dame. »

Le dénommé Yashiro rangea à sa ceinture le parchemin, puis croisa les mains derrière son dos, attendant ordres ou questions qui ne tardèrent pas à venir.

- Qu’est-il advenu de ma rencontre avec le Seigneur Yuyin ? N’avais-je pas déclaré, la semaine dernière, que je souhaitais être celle qui officialiserait avec lui les termes de notre accord ?

La voix de sa maîtresse s’était soudainement faite plus tranchante. Yashiro ravala adroitement le sourire qu’il sentait lui venir aux lèvres.
Le Seigneur Yuyin était à la tête d’une redoutable confrérie de marchands, et le principal rival du Clan Genji sur l’importation de soieries et autres textiles. L’un et l’autre, engagés depuis des décennies dans une féroce lutte commerciale pour la domination du marché, commençaient à perdre suffisamment en patience et argent pour décider de mettre fin au combat et d’agréer à des termes qui satisferaient les deux parties.
Torii, l’un des maîtres de la guilde de commerce Genji, suivait cette affaire depuis de nombreux mois et était devenu l’interlocuteur particulier du Seigneur. Les Yuyin étaient un clan mineur, qu’ils rencontrent l’Héritière du puissant clan Genji n’était guère une nécessité, néanmoins, Dame Kaguya semblait y tenir, quitte à encombrer son emploi-du-temps plus que de raison… ce que son lige n’approuvait guère.

- Je le sais, ma dame. Il semblerait toutefois que la missive adressée au Seigneur Torii se soit égarée. Notre maître de guilde a achevé tous les préparatifs nécessaires à la signature du traité. Je n’ai compris que ce matin, en lisant son message, que Torii s’était fourvoyé et avait déjà donné rendez-vous au Seigneur Yuyin, pour ce soir même, à son domicile.

Dame Kaguya dardait encore vers lui un regard adamantin, cherchant le contact visuel, comme il lui arrivait souvent de le faire lorsqu’elle conversait avec lui. Yashiro pensait parfois qu’elle arrivait, par ce biais, à lire en lui… comme si son regard se faisait le miroir de ces vérités qu’il dissimulait souvent. Le serviteur demeura rigoureusement impassible alors que sa maîtresse éventrait son pitoyable mensonge. Il n’avait jamais prévenu Torii qu’elle s’occuperait de la signature du traité, le message qu’il avait reçu de lui datait d’ailleurs d’une bonne semaine.

A quoi bon la surcharger de travail, de toute façon ? Elle trouvait déjà à peine le temps de dormir. Faire honneur et impressionner un piètre Seigneur pour obtenir des conditions plus favorables ne lui étaient pas nécessaire, et Torii saurait parfaitement se débrouiller.

Ses iris mordorés s’imprégnèrent d’une once de tendresse à la pensée de ces pieux mensonges qu’il confectionnait pour lui éviter de la peine, se mêlant à cette lueur insolente et malicieuse qui gagnait toujours son regard lorsqu’il la contemplait.


Ce pesant silence qui ne s’installait qu’à peine, que la demoiselle bâtissait en guise de discrète réprimande, vola en éclat lorsque Yashiro interrogea d’un ton guilleret.

« Dois-je faire mander vos chambrières, ma dame ? »
Kaguya laissa lui échapper un frêle soupir et cessa de fixer son domestique, qui de toute façon n’était guère sensible à la désapprobation qu’elle affichait. Après tout… Torii était compétent, les préparations pour le traité avaient été menées à bien, et elle ne pouvait que difficilement réagir maintenant que tout avait été décidé. Alors, cette fois encore, elle ne relèverait pas.

- Fais donc, Yashiro. Lâcha-t-elle avec un rien de lassitude, se saisissant d’une nouvelle liasse de rapports afin de dissimuler le délicat sourire qui fleurissait sur ses lèvres.

Son serviteur s’étant fendu d’une ample révérence et éclipsé, le sourire se fana, et poussant un nouveau soupir, l’Héritière du clan Genji ouvrit un tiroir. A l’intérieur reposait un fin cylindre de bronze qu’elle descella d’un geste habile, libérant un document qu’elle parcourut une nouvelle fois… le regard comme faiblement peiné.

Les faits et gestes de celui qu’on nommait Yashiro y étaient minutieusement consignés.

Kaguya fit taire cette petite bouffée d’affection qui l’envahissait lorsqu’elle songeait à son lige, si indocile, et ses yeux se durcirent pour devenir d’onyx. Deux lames de pierre froide, acérées et pragmatiques, dont elle se servit pour tuer chacune de ces émotions frivoles qui s’éveillaient à la lecture du rapport, ces sentiments qui ne seraient qu’une gêne dans l’accomplissement de son devoir.

Sa lecture achevée, dans un geste dévot, Dame Kaguya no Genji posa doucement l’index sur le sceau de cire écarlate qui ornait le bas de la missive. Sur un lit de cendres, l’Oiseau prenait son envol.


Kess: survie de janvier ok.


Dernière édition par Ryūji le 4/6/2011, 01:08, édité 2 fois
Ryūji
Ryūji
Chi: 1er Chakra
Chi: 1er Chakra

IRL
Masculin Age : 28
Messages : 342
Dans le RP
PAA : Ryuji, adulte & enfant
Peuple : Expatrié(e)
Métier : Légende Infamante
Situation : disparu

UE : 100
UEM : 200

Compétences :
Shotokan-ryu:
Patrimoine :
détails:

http://thelastairbender.forumactif.com/t235-presentation-ryji-le-dragon-conquerant#2398

Revenir en haut Aller en bas

[Rp métier] Phénix et Dragon Empty Re: [Rp métier] Phénix et Dragon

Message par Ryūji 15/2/2011, 20:59

- Avez-vous pris une décision… ?

La voix, basse comme un murmure, était grave, presque rauque. Dans un coin de la chambre de l’Héritière, là où les ombres demeuraient tenaces, l’on sentit comme un infime mouvement. Les lattes de bois, au plafond, se murent avec autant de bruit que souffle le serpent, et un homme émergea de l’obscurité.
A la lisière qui se dessinait entre la lumière du jour et le recoin ténébreux de la pièce, l’étrange personnage demeura tapi, posant le genou à terre et se découvrant du masque de toile noire qui dérobait son visage. L’homme était âgé, vieux d’au moins une quarantaine d’années. Sa peau était burinée, cuivrée par le soleil, et sa joue gauche gardait les stigmates de violentes brûlures.

- Comment l’aurais-je pu avec si peu d’éléments ? Répliqua Kaguya d’un ton neutre, se redressant. Ceci ne m’apprend rien. Le document qu’elle brandissait fut soudainement happé par une vive flamme orange. Comme en proie à d’indicibles douleurs, le morceau de parchemin se recroquevilla sur lui-même ; les bords puis le corps de la missive noircirent, devinrent les lambeaux d’une cendre noire et friable qui se dispersa sur le bureau.
« Reviens-tu avec d’autres informations, Hake ? »

Le maître-espion de la famille Genji secoua doucement la tête. La pêche avait été maigre.
- Un homme répondant au nom d’Ijichi Yashiro a effectivement vécu dans les environs du village d’Amino, à la péninsule est du continent. Les témoignages sont rares, peu se souviennent de lui… et les âges ne concordent pas. Cet homme devrait avoir aujourd’hui une cinquantaine d’années.

Il n’y avait là rien qu’elle ne sut déjà. L’Héritière, retenant un profond soupir, allait lui faire signe d’en venir au fait, lorsque Hake poursuivit.

« A l’époque, néanmoins, certains rapportent l’avoir vu en compagnie d’un enfant. »

- Son fils ? Interrogea Kaguya, et un soupçon de curiosité s’était glissé dans le ton de sa voix. Depuis bientôt un an qu’ils fouillaient ensemble dans le passé de l’étrange lige qui officiait pour elle, au sein de la branche principale du Clan Genji, c’était la première fois qu’elle entendait parler de cela.

- Adoptif, oui. L’un de mes hommes a rencontré un témoin qui affirme se souvenir qu’en compagnie du rônin qui faisait halte à son village, il y avait un sale gamin aux yeux jaunes qui lui aurait alors brisé l’os du genou.
Ce n’était rien de plus que la fugace remembrance d’un paysan, mais il y avait là une impulsivité qui correspondait sans mal à l’image qu’elle se faisait de son homme-lige. De plus, la couleur de l’ambre ne se cristallisait pas si fréquemment dans les yeux des natifs des Basses-Terres.

- Est-ce tout… ?

- Malheureusement. Soupira l’espion. Nous avons pu retracer son parcours en nous fiant aux souvenirs qu’ont gardé les gens des pérégrinations de Yashiro, mais demeurent six années pour lesquelles nous ne savons rien. Votre lige nous a fait part de ses longues errances, mais rien ne permet de confirmer ou d’infirmer sa version.

- Je ne comprends pas. N’a-t-il pas cité des lieux, n’y-a-t-il pas des personnes qu’il dit avoir rencontrées ?

- En effet, mais le souvenir est trop vague. Il a tout à fait pu voyager vite et ne pas marquer les esprits. Les gens que nous avons interrogés admettent qu’il est possible qu’ils l’aient rencontré, d’autres en sont convaincus quand certains nient farouchement.

Par deux fois les espions de Hake avaient interrogé son serviteur. Juste après son recrutement, puis lorsqu’il s’était révélé ardu de démêler l’enchevêtrement de vérités et mensonges qui tissaient son histoire.

« Ses antécédents sont crédibles, mais il me paraît juste trop… commode que paraisse ainsi s’évanouir le souvenir de six années d’existence. Nos recherches persistent mais les résultats restent les mêmes… et vous connaissez mon opinion, ma dame, il faut renforcer sa surveillance. »

Et plus encore. Le renvoyer, le faire captif ou le tuer. Mais la voix grave de l’espion ne formuleraient pas ces propositions, il les faisait jaillir dans l’esprit de sa maîtresse, les lui inoculaient comme un poison. Dès lors, elles devenaient implicites : puisqu’il était une menace, un danger… pourquoi ne pas le mettre hors d’état de nuire ? N’était- ce pas ce que ferait un digne Héritier du Clan Genji ?

- Hake… toi-même tu ne crois pas qu’il puisse être un assassin. Voici un an qu’il vit ici, n’aurait-il déjà pas eu tout le loisir d’accomplir son office ?

- Je vous demande simplement de considérer le fait qu’il puisse être un espion.

Il l’était. Son cœur venait-il de se serrer ? Kaguya répondit d’une voix claire, avec emphase, enfermant en elle cette petite émotion piquante qui ne demandait pourtant qu’à s’éveiller, qu’à s’épanouir toujours plus.

- Et si c’était effectivement le cas ? Aurait-ce vraiment de l’importance ? Ici seulement, à Rajjartha, nous devons en avoir une trentaine entre nos murs, et je n’ai guère à m’en plaindre. Un espion découvert se choie, Hake, il n’y a pas meilleur moyen de manœuvrer les curieux.

Cherchait-elle à se convaincre elle-même ? Kaguya s’amusa de son comportement. Avec détachement, elle renonça à se comprendre, à dénouer le nœud complexe de ces émotions, nouées dans sa poitrine.
Présentement, il n’était pas temps, et de temps d’ailleurs, elle n’avait pas à perdre en inutiles mièvreries !

Le silence déploya ses ailes, plana dans l’air de brèves secondes sans être troublé par l’un ou l’autre des deux protagonistes, et l’Héritière du Clan Genji ferma les yeux. Elle sentait la souffrance poindre à nouveau, palpiter contre ses tempes. La première tasse de thé la lui avait faite oublier, mais quoiqu’ait pu mettre Yashiro dans l’infusion, les effets ne duraient pas. Il lui faudrait payer le contrecoup de cette nouvelle nuit sans sommeil. Agacée, elle porta une main à son front, se rappela la présence de l’espion et répliqua sèchement, comme pour le congédier.

« Soit. Surveille d’avantage Yashiro, et veille à ce qu’il ne s’en rende pas compte, cette fois-ci. » Un dur sarcasme naissait dans sa voix, en partie dû au vif aiguillon de douleur qui –par intermittences- lui taraudait le crâne. Seulement en partie… Kaguya ne se souvenait que trop bien du jour où son lige avait fait irruption dans sa chambre, aux aurores, tenant par le col une jeune recrue du corps d’espionnage de Hake. L’allure prédatrice, le serviteur avait durement jeté sa prise sur le sol, pour susurrer d’une voix mielleuse… « Dame Kaguya… vous avez perdu quelque chose. »
Pour son comportement, il avait bien failli être renvoyé sur le champ, néanmoins, malgré les apparences qu’elle s’était alors efforcée de sauver… Kaguya avait été enchantée par la réaction de son serviteur. Elle ne s’était pas trompée en le choisissant… par le Phénix, il fallait au moins cela pour mériter la dignité d’homme-lige de Kaguya no Genji !

Sous le couvert des ombres, le regard de Hake se durcit. Lui non plus n’avait pas oublié l’incident.

- Il n’y a pas le moindre risque, ma dame. Cette fois-ci, je m’en chargerai moi-même…
Le pas des servantes venues l’aider à se vêtir se fit entendre dans l’escalier, et aussitôt, Hake fut avalé par les ténèbres. Les lattes émirent leur sifflement, si analogue à celui d’un serpent.

Des serpents… Il lui semblait parfois qu’elle en était entourée, qu’ils la fixaient de leurs regards apocryphes en l’anesthésiant de flagorneries, qu’ils baissaient devant elle la tête pour se préparer à mordre dès qu’elle tournerait le dos. Sa vigilance ne devait jamais être relâchée.

Suivant doucement le fil de cette pensée, l’Héritière du Clan Genji se surprit à revenir à son lige.
Son regard et ses paroles étaient-ils différents ? Pourquoi lui paraissait-il plus vrai dans son insolence, nimbé de toute sa rouerie ? Son impertinence, la manière dont il esquivait ses ordres, dont il semblait prendre soin d’elle parfois contre son gré… tout cela avait le don de faire fleurir un sourire à ses lèvres.
Et ces yeux… il lui semblait que les sentiments de Yashiro s’y imprimaient parfois ; venues des profondeurs, ces bulles de vérité nageaient jusqu’à la surface du lac d’ambre de son regard et s’y éclataient dans un scintillement malicieux.

Dame Kaguya, majestueuse Héritière du Clan Genji, secoua distraitement la tête. Non, décidément, elle n’avait pas le temps de penser à cela.


Edit Kess: survie février ok


Dernière édition par Ryūji le 21/2/2011, 23:35, édité 3 fois
Ryūji
Ryūji
Chi: 1er Chakra
Chi: 1er Chakra

IRL
Masculin Age : 28
Messages : 342
Dans le RP
PAA : Ryuji, adulte & enfant
Peuple : Expatrié(e)
Métier : Légende Infamante
Situation : disparu

UE : 100
UEM : 200

Compétences :
Shotokan-ryu:
Patrimoine :
détails:

http://thelastairbender.forumactif.com/t235-presentation-ryji-le-dragon-conquerant#2398

Revenir en haut Aller en bas

[Rp métier] Phénix et Dragon Empty Re: [Rp métier] Phénix et Dragon

Message par Ryūji 15/2/2011, 21:27

Furtif fantôme dans les escaliers obscurs, Yashiro filait tel une ombre dans les couloirs de l’ample demeure des Genji. Un sourire discret incurvait la ligne claire de ses lèvres, donnant à son visage cette petite expression sournoise, féline, qui avait finie par le caractériser aux yeux des gens du clan. « Préparait-il "encore" un mauvais coup ? » Se demandaient les serviteurs croisant son chemin, eux-mêmes divertis par ce malicieux amusement qu’affichait l’homme-lige de l’Héritière.

« A quoi peut bien penser cet oiseau de malheur… » Maugréaient les gardes en faction, dardant sur le fourbe personnage un regard acéré, parfois même révélateur d’une haine farouche.

Les esprits s’agitaient, les sentiments s’embrasaient, les langues se déliaient, mais même cette effervescence mesurée qui prenait feu telle une traînée de poudre sur son passage ne semblait guère affecter le lige.
Le pensait-on fomenter un terrible complot ? Son sourire était-il le résultat d’une énième bassesse qu’on ne saurait prouver comme étant de son fait ? Irait-il plus loin que la fois où il avait mélangé une décoction soporifique au thé d’un ambassadeur du Seigneur du Feu ? Que celle où il avait bloqué la porte coulissante de la chambre de Dame Kaguya afin de la maintenir enfermée toute une matinée ? Du jour où il avait souffleté le conseiller personnel de l’ancien maître du clan Genji ?

D’aucuns frissonnèrent et nourrirent la rumeur. « Oui, il semble particulièrement terrible aujourd’hui… »
Pourquoi gardait-on une telle créature au service du noble clan Genji ? Il était fort capable, on ne pouvait guère le nier. Ses manières, pour peu qu’il se surveille, étaient plus qu’exemplaires. De fait, en surface, il n’avait guère de tares qu’on aurait pu lui reprocher, mais il n’y avait jamais à creuser bien loin pour entrapercevoir la vraie nature de l’animal. Etait-il juste trop honnête ? Ses yeux, son sourire, son visage, tout chez lui laissait transparaître la forte spontanéité de ses sentiments, le feu de ses émotions.



Etant allé remplir dans la remise quelques bocaux de précieuses épices des îles du Ponant, un jeune serviteur aux bras chargés percuta de plein fouet l’ignominieux Yashiro au détour d’un couloir. Le choc lui fut douloureux, mais avec une conscience professionnelle toute récemment acquise, il resserra aussitôt ses bras autour des frêles pots contenants les chers condiments, sans pouvoir malheureusement tous les retenir. Un bocal bascula dans la vide, dans un mouvement de chute circulaire, comme au ralenti, il se débarrassa de son mince couvercle et commença à répandre dans l’air une poudre brunie et odorante.

Vit-il quelque chose bouger ? Peut-être, peut-être pas. Dans un petit bruit sec, le couvercle parut se fixer de nouveau à son container, récupérant la précieuse poudre dans un mouvement tourbillonnant, presque irréel. Le pot en terre cuite exécuta une virevolte, se souleva vers lui et s’agita brusquement devant son nez.

- Prudence. Lui intima le bocal d’une voix douce.

Les yeux écarquillés, le serviteur se rappela la présence, distingua enfin la tignasse sombre et désordonnée de ce petit homme qui lui arrivait à peine à l’épaule. Interloqué, il se confronta à son regard, d’un or aussi flamboyant que le soleil à son zénith, brûlant d’une malice et d’une chaleur qui s’accordait parfaitement à son pâle sourire.
La petite main du lige qui agrippait discrètement le pot se déplaça pour lui remettre dans les bras le container et ses épices.

- Merci… Balbutia le serviteur, qui aussitôt voulut se remettre en route et apporter les aromates en cuisine. Néanmoins, il fut arrêté par cette même voix, tendre mais comme insidieuse… qui l’interrogea avec autorité.

- Vois-tu ?

- Pardon ? Demanda le domestique, revenant sur ses pas pour quérir de son regard ce qu’observait le lige par la petite lucarne qui donnait un peu de lumière au sombre couloir. Ses yeux plissés aperçurent l’extérieur de la somptueuse demeure des Genji, fondirent sur la ville de Rajjartha, en contrebas, épousée de solides montagnes.

A quelques dix mètres de distance, un enfant se tenait debout, le regard levé vers l’immense manoir. Habillé de fripes loqueteuses, couvert de boue et d’immondices, il était d’une maigreur à faire froid dans le dos. Ses côtes tranchaient presque son corps grêle et émacié, à qui l’on avait ôté une main, certainement coupable d’une chaparde de trop. Malgré la distance, malgré le soleil brûlant qui perçait depuis le sommet de la ville, érigée en chaudron dans les contreforts rocheux, l’on pouvait lire la féroce rêverie qui s’imprimait dans son jeune regard. Le manoir était l’image même de ces chimères inaccessibles dont il se berçait chaque nuit, se serrant le ventre de son unique main pour faire taire la famine qui lui dévorait les entrailles. Dans ces mêmes yeux, naissaient un désir. Une ambition qui verrait peut-être le jour si la mort ne le fauchait pas cruellement avant que les années lui aient donné la force de la concrétiser.

- Que regardez-vous ?

L’enfant décharné et mutilé. Un spectacle trivial pour l’homme qui ne connait plus la faim. Etait-ce le confort qui vous rendait invisible la souffrance, la détresse d’autrui ? Ou peut-être le blason des Genji qui ornait le col de votre tunique vous transpirait suffisamment de sa grandeur pour que vos yeux passent, aveugles, sur chaque fait susceptible de vous déranger ?

Le serviteur était encore jeune, accepté au service du clan depuis une mince année.

- Alors déjà, tu ne vois plus.
Etait-ce parce qu’il regardait par la lucarne, immobile, que le serviteur l’avait percuté ? Yashiro, ayant lâché ces quelques mots d’une voix amusée et peut-être sarcastique, poursuivit son chemin dans les couloirs, s’enfonçant là où le mince filet de lumière qui traversait la fenêtre ne pouvait plus l’atteindre.
Légèrement ébranlé par les propos de son « aîné », le domestique observa de nouveau. Ses yeux se plissèrent de plus belle et son regard s’arrêta sur l’enfant. Un frisson remonta doucement son échine lorsqu’il aperçut le membre grossièrement tranché.

- Je vois… Dit-il, tout haut bien qu’il fut seul et la gorge légèrement nouée.


Des pots en terre cuite gorgés d’épices qu’il tenait contre sa poitrine, s’en trouvait un spécimen particulièrement vicieux, qui au cours de sa petite existence avait de nombreuses fois décidé de tout plaquer, de partir en quête de nouveaux horizons. Sentant une occasion se profiler lorsque la personne ayant orchestré son enlèvement sursauta, il bascula promptement dans le vide, jetant dans les airs son couvercle d’un geste festif et régurgitant comme ultime affront un large nuage de poivre du Ponant, délicatement pilé.

Le bruit du pot se brisant contre le plancher -son cri triomphant !- retentit puissamment dans le couloir, faisant écho à un lointain éclat de rire grave et velouté, empreint d’une extrême malice.


Edit Kess: +50 UEM


Dernière édition par Ryūji le 21/2/2011, 23:30, édité 1 fois
Ryūji
Ryūji
Chi: 1er Chakra
Chi: 1er Chakra

IRL
Masculin Age : 28
Messages : 342
Dans le RP
PAA : Ryuji, adulte & enfant
Peuple : Expatrié(e)
Métier : Légende Infamante
Situation : disparu

UE : 100
UEM : 200

Compétences :
Shotokan-ryu:
Patrimoine :
détails:

http://thelastairbender.forumactif.com/t235-presentation-ryji-le-dragon-conquerant#2398

Revenir en haut Aller en bas

[Rp métier] Phénix et Dragon Empty Re: [Rp métier] Phénix et Dragon

Message par Ryūji 21/2/2011, 23:12

Le hall du premier sous-sol de la demeure du Clan Genji était une vaste pièce, de forme grossièrement hexagonale, aux parois bâties de cette roche noire piquetée d’éclats de quartz qui composait les montagnes alentours à Rajjartha. Sous l’œil ardent des larges braseros disposés à chaque branche du polygone, la pierre murale scintillait comme une nuit morcelée de douces étoiles, un spectacle auquel n’était guère insensible le rêveur que l’on nommait Yashiro.

Un éternel sourire aux lèvres, celui-ci arpentait le carrelage en damier qui revêtait le sol, où alternaient les nuances grenat et améthyste, brillantes comme des joyaux et se faisant le sombre miroir de l’ondoyante danse des feux d’éclairage. Le lige se glissa au-dessous des amples colonnades marmoréennes -sculptées de scènes guerrières du temps jadis, rivalisant de beauté et de sauvagerie- et gagna l’extrême nord du hall, où au milieu de deux colosses d’airain, trônait un gong massif, dépouillé de tout ornement.

Les gardes en faction, postés par groupes de deux à chaque point cardinal, suivirent du regard le cheminement du lige. Engoncés dans d’éclatantes armures cramoisies, la hallebarde au poing, ils veillaient -à cet étage dédié à la domesticité- à ce que chaque tâche soit accomplie dans l’ordre et la discipline. Pas un ne frémit lorsque Yashiro utilisa le bâton idoine pour porter une rapide succession de petits coups à l’instrument de percussion, qui doucement, fébrilement, se mit à pulser, libérant une note longue et basse dont la vibration se situait à la limite de l’audible, mais qui soudainement explosa dans une clameur majestueuse. Une vague sonore, vibrante, déferla dans l’étage inférieur, alertant les différents corps domestiques que l’homme-lige de l’Héritière Genji requérait leur présence.
Le bras encore engourdi jusqu’à l’épaule par le choc, Yashiro reposa maladroitement le gourdin dont il venait de frapper le gong de toute sa force. Les tympans vrombissants, le lige maintint un sourire matois à son visage, affectant nonchalance et décontraction en attendant l’arrivée des serviteurs. Il convenait de faire bonne figure, quand bien même l’écho de la déflagration vous donnait l’impression d’avoir de la purée à la place du cerveau et que le monde tournoyait encore devant vos yeux hagards. Le lige de Kaguya no Genji ne pouvait pas vaciller, question de prestige.

Venants des passages Est et Ouest, par petits groupes de cinq, les serviteurs affluèrent bientôt. Un responsable et quatre sous-traitants par section, se déplaçant en lentes processions, petites chenilles drapées de kimonos blancs, traditionnels, qui s’amassèrent misérablement devant lui , allant jusqu’à réunir une trentaine de domestiques. Ceux d’entre eux habilités à donner des ordres se placèrent en tête de file, le front haut, offrant au lige une révérence à peine appuyée, juste pour y mettre les formes. Dans combien de regards brillait la froide lumière du dédain ? Trop pour prendre le temps de les compter. Yashiro eut un sourire carnassier, sa langue claqua et c’est avec une morgue palpable qu’il s’adressa à ses « laquais ».

- Faites votre rapport.

La salle sentait la colère, un parfum d’indignation impérieuse mais toutefois contenue que Yashiro respira avec délice. Presque chacun d’eux était de plus haute naissance que le petit homme qui détenait le pouvoir de leur commander, et celui-ci avait pris l’habitude de leur rappeler qu’il pouvait à tout instant leur mettre le nez dans la fange.
L’attitude était cruelle, mais le lige n’était pas celui qui avait commencé ce petit jeu…

- Une note nous est parvenue du maître-artisan Takumi, la restauration de l’arc de feue Dame Okuni Genji a pris moins de temps qu’il ne le pensait. Il le fera livrer en début d’après-midi.

Ayant délivré son message, le serviteur rentra dans les rangs, laissant l’occasion à son plus proche voisin de faire part à son tour de l’ordre du jour. L’un après l’autre, ils défilaient devant le lige pour dresser un bilan complet de l’activité quotidienne des terres de la famille Genji. Entretien de la demeure, des jardins comme de l’équipement de la garde, cuisine, décoration, gestion des estafettes chargées de relier les différents corps domestiques, service des invités de marque du clan… les activités d’importance des servants étaient ici centralisées puis distribuées au sein des diverses branches de la domesticité Genji. Bien Servir était un Art : en ces lieux, les serviteurs étaient ses pigments, le manoir son canvas, et en tant qu’homme-lige de Dame Kaguya, divine Héritière de la grande famille Genji, il lui appartenait d’user des couleurs à sa disposition pour peindre de son seul pinceau d’habilité une toile harmonieuse, splendide et pleine de majesté, digne de représenter le Clan auquel il devait sa loyauté.

- Suite à votre appel, Yashiro, une délégation marchande dont fait partie la guilde de notre récent allié, le Seigneur Yuyin, nous rendra visite sous trois jours afin de soumettre à Dame Kaguya le Torque et l’Arme d’Hast qu’elle portera pour la réception donnée en commémoration du « Pacte des Lances Vermeilles ».

- Les ruines du sous-bassement sont finalement déblayées. L’accès au quatrième niveau inférieur a toutefois été condamné par sécurité. Les sages supputent qu’il s’est effondré du fait d’une lointaine et violente activité volcanique, au cœur des montagnes, et que le phénomène pourrait bien se reproduire.

- Maître Lee-Meng, conseiller du patriarche Genji, a convié sa suite au manoir. Une dizaine de personnes supplémentaires logeront ce soir au Cercle Ouest de l’Eau et du Lotus.

Chaque serviteur ayant fait son rapport, Yashiro délégua les tâches, fit transmettre les informations à certains des conseillers de l’Héritière, jouait des fils de sa toile en somme, comme l’aurait fait une araignée, méticuleuse et efficace. Ayant riposté aux questions soulevées par les domestiques, le lige donna ses directives pour la journée.

- Très bien. En cuisine, changement de programme. Veillez à servir à Dame Kaguya quelque chose de simple pour le déjeuner, facile à manger mais revitalisant. Faites savoir à l’herboriste que sa décoction contre les migraines paraît efficace, aussi, toutes les deux heures, faites parvenir à l’Héritière une tasse de thé, noir et fort, pourvu de deux doses de médicamentation. Ming, tu t’en chargeras. Passées quinze heures, préférez-lui de la tisane à laquelle vous n’ajoutez qu’une seule mesure. Ses devoirs la maintiendront occupée jusqu’à dix-huit heures, mais je veux qu’elle puisse se reposer immédiatement après.

Concernant la commémoration du « Pacte des Lances Vermeilles », Shinro et Dai, vous irez aujourd’hui visiter le Cercle des maîtres tailleurs du Clan Omi et vérifierez comment progresse notre commande. Je veux pas moins de trois-cent tentures et tapisseries portant les couleurs de nos alliés, brodées de leurs blasons, toutes placardées dans les moindres recoins du manoir. Que les Clans vassaux constatent avec quel faste et profusion nous leur faisons honneur.

Vous préparerez également cette pièce pour recevoir la délégation marchande. Je ferai moi-même une sélection des objets rituels dignes de Dame Kaguya et les lui soumettrai.


- Pour revenir sur l’effondrement du sous-bassement, Lige, nous avions pensé faire appel à un maçon d’expérience, Maître dans les Arts de la Terre afin de remodeler le niveau. Y consentiriez-vous ?

Yashiro eut une hésitation fugace. Son regard d’or dont il balayait le groupe de domestique s’immobilisa sur le vieil homme qui avait pris la parole, décontracté mais digne dans sa livrée au blanc crème. La suggestion était bonne, c’était une solution rapide et pratique au problème, néanmoins, l’homme-lige ne pouvait pas la cautionner. Les autres serviteurs déjà dardaient vers lui leurs yeux chafouins, prêts à se jeter sur lui, toutes griffes dehors, si jamais il permettait l’indignité que représentait la venue d’un maître étranger dans l’enceinte du manoir. Peu importait ces imbéciles… mais Yashiro ne pouvait pas prendre le risque de souiller l’honneur de sa maîtresse, fut-ce d’une tache infime.


- Non. Il ne sera pas dit que d’autres mains que celles des fils du Feu auront participé à la préservation de la demeure séculaire du Clan Genji. Rompez maintenant.
Alors que se dispersait la foule de serviteurs, Yashiro reprit.

« Shinro, un moment je te prie. Je dois te parler. »

Le dénommé Shinro était un homme âgé d’une trentaine d’années, grand et sec, au profil rappelant un oiseau de proie avec son nez aquilin et ses yeux perçants. Sa chevelure, mi-longue et nouée en queue, grisonnait prématurément, indice de la propension à l’angoisse du serviteur, toujours nerveux et sous tension. En poste depuis bientôt quinze ans, le vétéran commandait à une petite équipe de domestiques, principalement chargée de l’entretien du rez-de-chaussée, il était aussi l’un des rares responsables à éprouver quelque respect pour ce lige peu conventionnel qu’avait sélectionné l’Héritière Genji.

L’Homme-Lige existait pour servir son maître, parfois même contre le gré de celui-ci. Aux yeux de Shinro, le petit homme jouissait du profil adéquat. Son attitude matoise n'était même en rien contre-indiquée, certains maîtres appréciaient un peu de fraîcheur de la part de leurs vassaux.

- Qu’y-a-t-il, Yashiro ? Interrogea le doyen du bout des lèvres, la mine pincée. De son regard gris, affuté comme la pointe d’une lance, il étudiait soigneusement son vis-à-vis.

- J’ai aperçu un enfant, rôdant aux alentours du manoir… et ce n’est pas la première fois.
Sa voix était suave, son sourire léger. Comme souvent, le lige paraissait amusé, pour une raison que l’on aurait peiné à définir. Les yeux du serviteur s’étrécirent, le ton circonspect, presque écœuré, il avança.

- Tu veux que je le chasse… ?
La main de Yashiro se posa soudainement sur son bras, lui enserrant sévèrement la manche. Les yeux pétillants d’une joie étrange, incongrue, il souffla doucement.

- Au contraire… amène-le-moi.

- Mais… mais tu ne peux pas faire entrer n’importe quel gamin ! Par les Flammes, il s’agit de l’antre du Clan Genji, pas d’un moulin !
La riposte de Shinro, désarçonné, se répercuta bruyamment dans le vaste hall. Les gardes tournèrent vers eux la tête, tout comme les serviteurs de passage. Confus, le vétéran baissa les yeux, les lèvres pincées, déroulées sur son visage en une fine ligne de contrariété.

- Je compte sur toi, Shinro. Dit jovialement l’homme-lige, déposant une petite tape amicale sur la mince épaule de son acolyte.

Et ainsi s’en allait vaquer à ses occupations Yashiro, acquiesçant sobrement lorsqu’un guerrier le prévint que le capitaine de la garde souhaitait le voir, et s’élançant aussitôt de sa démarche souple et élastique.

« Je le sais… moi aussi j’ai à lui parler. » Sourit-il doucement.


Edit Kess: +50UEM
Ryūji
Ryūji
Chi: 1er Chakra
Chi: 1er Chakra

IRL
Masculin Age : 28
Messages : 342
Dans le RP
PAA : Ryuji, adulte & enfant
Peuple : Expatrié(e)
Métier : Légende Infamante
Situation : disparu

UE : 100
UEM : 200

Compétences :
Shotokan-ryu:
Patrimoine :
détails:

http://thelastairbender.forumactif.com/t235-presentation-ryji-le-dragon-conquerant#2398

Revenir en haut Aller en bas

[Rp métier] Phénix et Dragon Empty Re: [Rp métier] Phénix et Dragon

Message par Ryūji 31/3/2011, 20:52

La porte qui reliait le premier étage à la Cour d’Entraînement était un massif édifice de bronze noirci, grand comme trois hommes et suffisamment large pour que quinze personnes y passent de front. Ses panneaux de métal rugueux gardaient la trace de myriades d’enluminures dorées, images séculaires, écorchées par les intempéries et lacérées de sillons tels les stigmates de coups de griffes, cicatrices colossales, ayant trop profondément entamées la large structure métallique pour être l’œuvre de l’Homme. Les peintures représentaient des créatures d’un autre temps, des héros issus des légendes de jadis, d’une foi ancestrale, oubliée. Des bêtes comme des tigres, hérissées de cornes dentelées, y montraient les crocs, épaulées de serpents pourvus de têtes multiples, aux regards flamboyants. Toute cette faune, insolite, auréolée de mystère, d’étrangeté, faisait front commun aux côtés de colosses guerriers, géants dont l’arsenal massif était dressé vers le nord, là où la fresque, plus obscure, esquissait comme le fantôme d’une grotte, d’un antre de ténèbres où scintillaient d’argent les yeux de monstres dissimulés.

Alors qu’il franchissait l’édifice, les doigts de Yashiro s’attardèrent sur le bronze mutilé, suivirent le tracé d’une striure si large qu’il aurait pu y encastrer son poing. Quelles armes, quelles créatures pouvaient laisser derrière-elles pareilles preuves de leurs passages ? Pensif, le lige dépassa bientôt les portes blindées, désormais toujours ouvertes et jamais gardées. La construction avait perdu son sens, plus jamais les ennemis séculaires du Clan Genji n’attaqueraient par ici. S’engageant sur le fin sentier qui épousait les montagnes encerclant Rajjartha, le jeune serviteur jeta un dernier regard en arrière.

Tout de même… - songeait-il distraitement, se remémorant l’Histoire telle qu’on la lui avait enseignée - quelles étaient ces choses dont les familles ancestrales qui formèrent le Clan Minamoto, plus tard rebaptisé Genji, durent si férocement se protéger ? Les portes anciennes n’étaient pas les seules reliques du passé ayant perdurées dans le domaine, et nombreux étaient les artefacts ornés de peintures similaires, où des silhouettes enténébrées se tapissaient dans la pénombre, leurs regards nimbés de flammes argentées.

Dans ces archaïques chroniques que tenaient les sages, on nommait parfois « Oni » les êtres malfaisants. On faisait état des difformités hideuses et barbares de leur physique ainsi que de leur nature pernicieuse. Un « Démon »… s’il en avait la chance, Yashiro aurait aimé en croiser un second.

Poussant un petit éclat de rire malicieux, l’homme-lige sillonnait le lacet de terre brune qui le mènerait au camp d’entraînement, flanqué en amont d’une cloison rocailleuse aux vicieuses aspérités, et en aval d’un précipice vertigineux qui se creusait d’avantage à mesure de sa progression. Loin à l’est, la ville rétrécissait en contrebas, ses bâtisses aux toitures noire et écarlate parurent se ramollir et fondre -comme modelées de cire- sous la pluie d’ardente lumière qui tombait du soleil, culminant au sommet du sombre chaudron de pierre que l’on nommait Rajjartha.

Dix minutes de marche sur le frêle passage séparaient Yashiro de sa destination. Le front et les tempes humides de sueur, celui-ci sifflotait, le regard captivé par le gouffre qui côtoyait son cheminement. Une végétation sèche, craquelée, tâchait misérable d’y survivre, chichement agrippée à ces parois de pierre qui emmagasinaient la lourde chaleur du jour, donnant l’impression au lige de doucement cuire, comme dans un four, lorsque triomphait dans le ciel le zénith. Ses yeux qui cillaient sous la réverbération des lumières, rebondissant contre les éclats de quartz blancs qui mouchetaient la roche, distinguèrent bientôt le large plateau de la Cour d’Entraînement.

Le fragile sillon de terre qui accueillait ses pas devint plus ample, se détournant du flanc de la montagne pour former un massif promontoire de pierre, gigantesque structure naturelle, comme perchée au-dessus du vide. Pour combattre le sentiment de vertige, des murs d’une toise de haut avaient été bâtis en guise de garde-fous. Chaque fois qu’il contemplait la plateforme, suspendue entre les abysses noirâtres et le soleil rutilant, Yashiro songeait à l’usage qui, autrefois, avait pu être fait de cet endroit. Son emplacement, tout comme les empreintes rituelles gravées dans son sol rocailleux, enchevêtrements complexes de cercles et spirales, portaient l’homme-lige à croire qu’il s’agissait d’un antique lieu de recueillement, là où les moines de jadis manifestaient leur foi et tenaient leurs cérémonies, sous l’œil radieux de la déité à qui ils avaient choisi d’adresser leurs prières.

Le Soleil, qui à son zénith laissait jaillir sa force dans le sang des Fils du Feu. Leurs flammes, nourries de l’énergie solaire, rugissaient avec férocité, gagnaient suffisamment en ardeur pour faire fondre la pierre elle-même. Les brasiers se déchainaient, éclataient, tourbillonnaient pour accompagner chaque mouvement de l’artiste martial. Des sphères embrasées jaillissaient de leurs poings, de leurs pieds, et même leurs soupirs étaient nimbés de flammes. Si ces Sōhei (moines-soldats) de naguère avaient réellement existé, peut-être auraient-ils été contentés de savoir que plusieurs siècles plus tard, leur descendance guerrière pratiquait avec le même zèle la Maîtrise Ancestrale du Feu, sous le regard flamboyant de l’astre radieux.

L’entraînement de midi des soldats de la Garde Genji était une véritable ode guerrière, toute de flammes et de lumière. A voir ces hommes manifester une telle vigueur à l’entraînement, littéralement pulsatile, Yashiro, comme souvent, se sentit piqué d’une pointe de jalousie. Le Soleil jamais ne réchaufferait son sang de cette manière, n’éveillerait en lui cette énergie destructrice qui habitait les Fils du Feu. Lui, devrait se contenter de suer en abondance, comme toujours.
Le dos trempé sous les épaisseurs de vêtements dont il refusait catégoriquement de se défaire, l’homme-lige rasa les murs en quête du coordinateur militaire du Clan Genji, le Capitaine Halzan.


Halzan était un homme à l’apparence très ordinaire. Le visage jeune et sans éclat, les cheveux coupés courts pour des raisons pratiques. Il n’était même pas très grand ou particulièrement musculeux, portait d’ailleurs des vêtements si simples et commodes que l’on aurait aisément pu le prendre pour une nouvelle recrue. Toutefois, nul homme ici n’ignorait son histoire, sa légende.

Entré dans l’armée à seize années, le jeune natif des Basses-Terres s’était rapidement illustré par d’impressionnantes aptitudes martiales. Les exercices et escarmouches prouvèrent sa valeur, lui octroyèrent un modeste galon et placèrent une poignée d’hommes sous ses ordres. Chacun de ses assignements fut accompli avec brio, le guerrier usant de tactiques, puis de stratégies novatrices, audacieuses, littéralement brillantes. Halzan grimpa les marches du pouvoir et devint Amiral, Terreur des Pirates et des monstres marins qu’il terrassa de ses flammes, bleues comme l’océan qu’il sillonnait. Ses exploits firent de lui un héros, un exemple et un idéal pour les gens de modeste naissance du pays du feu. Pour sa bravoure, un fier général de l’entourage du Seigneur des Flammes lui proposa la main sa fille aînée, que le guerrier déclina humblement, déjà épris d’une frêle et dolente tisserande de son village natal. Halzan devait bien se douter des conséquences de son refus… car son outrecuidance lui attira la vindicte d’un ennemi qu’il ne pouvait guère vaincre par les armes.

Le général, rendu ivre de rage par l’affront, confia à Halzan la lourde tâche d’exterminer le Fléau des Mers Septentrionales, l’Ambre-Serpent. Volumineuse créature, vaste comme un îlot, toute cuirassée d’une armure d’écailles d’un or chatoyant, aux crochets larges comme la proue d’un navire et soufflant des flammes que l’on disait si ardentes qu’elles brûlaient à la surface de l’océan.
L’Amiral accepta et traqua la bête durant de longues saisons, avant de finalement se confronter à son courroux. La flotte fut décimée par le soupir mordoré de l’Ambre-Serpent, dont le feu, comme alimenté d’huile, persista à la surface des flots après avoir dévoré les hommes et les navires de Halzan. Lui-même combattit bravement, un cycle sélénite entier dit-on, la lutte commençant une nuit de nouvelle lune pour s’achever lorsque l’astre d’albâtre fut pleinement reconstitué.

L’Amiral perdit l’affrontement contre le titanesque Serpent, échoua sur la côte Est de la nation du feu, grièvement blessé mais vivant. Il se traîna tel un fantôme jusqu’à Hélior, où on le réprimanda sévèrement pour son cuisant échec, pour la perte d’une flottille de douze bâtiments et de centaines de soldats. Il fut déchu, dégradé. Guère plus que l’ombre de lui-même, on murmure que le général songea même à exécuter ce héros devenu disgrâce.
Halzan quitta l’armée, s’en revint à son village natal et récupéra de ses blessures. Il épousa la femme qui l’attendait, bien que son retour ne fut guère auréolé de cette gloire qu’il lui avait promise lors de son départ, et entama une existence heureuse et modeste, jusqu’au jour où les émissaires du Maître du Clan Genji, père de Kaguya, vinrent le trouver et lui proposer de mettre à profit ses talents.
La politique du Clan Genji était séculaire, stricte et efficace. Peu importait le lignage et les honneurs, depuis toujours, seul y comptait le talent. Halzan se fit une joie de rejoindre le clan en tant que coordinateur militaire, servant cinq années complètes le précédent Maître, jusqu’au déclin de ses forces, puis exerçant sous la férule de Kaguya no Genji, Héritière du Clan. Vivant désormais à Rajjartha, accompagné de son épouse qui attendait un joyeux évènement, l’homme, tout juste âgé d’une petite trentaine d’années, était sans conteste l’un des plus vaillants et loyaux serviteurs de la grande famille Genji.


Esquivant les tirs de flammes, les virevoltes flamboyantes et autres gerbes incendiaires, Yashiro aperçut finalement Halzan qui, méditativement, observait la passe d’armes de deux lanciers. Torses-nus, leurs peaux tannées par le soleil ruisselaient de sueur alors qu’ils s’affrontaient à l’aide de bottes habiles, leurs armes tournoyant et frappant d’estoc dans une danse meurtrière, un ballet sanglant qui ouvrait de larges blessures dans leurs chairs, leur infligeait de cuisantes douleurs, toutefois encore bien trop légères pour museler leurs esprits combattifs. Il était courant pour les soldats Genji d’apprendre le maniement des armes en plus de celui des flammes, car leur pouvoir fluait selon le soleil, et qu’il n’était pas sage de se reposer sur son seul usage à la nuit tombée.

D’autres guerriers, eux, ne disposaient guère du luxe d’élargir l’éventail de leurs capacités, nés sans le don du Feu, ils se lançaient sur la Voie du Sabre. Rares étaient ceux-là dans un corps armé aussi élitiste que la Garde Genji, néanmoins, les hommes qui parvenaient à intégrer ses rangs sans maîtrise élémentaire étaient peut-être les plus dangereux d’entres tous. Il ne faisait pas bon de se mettre en travers du chemin de l’un de ces monstres d’opiniâtreté, comme le constatait de nouveau Yashiro, témoin admiratif de la conclusion du duel des lanciers et de la dextérité du vainqueur, qui dans un enchaînement de trois mouvements souples, venait de désarmer son adversaire, de le jeter au sol d’un violent coup de pied, pour finalement lui menacer la gorge de la pointe de sa lame, déjà tachetée de pourpre.

Halzan achevait de féliciter les combattants, tout en leur délivrant de précieux conseils, lorsqu’il aperçut le petit homme, qui transpirant sous son ample vêture, attendait poliment que l’on remarque sa présence.

- Yashiro ! S’exclama jovialement le capitaine, s’approchant aussitôt pour saluer le lige d’une tape affectueuse sur l’épaule. Te voilà enfin !

- Maître Halzan. Murmura respectueusement le serviteur, hochant la tête avec déférence. Dame Kaguya m’envoie vous prévenir qu’elle vous recevra à compter de quatorze heures.

La voix du lige était comme métamorphosée, comme toujours lorsqu’il s’adressait au coordinateur militaire du clan, elle vibrait d’une note de profonde révérence, et ceux qui le connaissaient n’ignoraient pas qu’il ne traitait jamais personne d’autre avec de tels égards, même la Dame à qui allait pourtant sa loyauté.

- Très bien, mais dis-moi, tu ne t’es tout de même pas déplacé juste pour cela ?

- J’ai préféré vous porter la nouvelle en personne, maître, de plus, on m’a soufflé que vous vouliez me voir.

Halzan eut un large sourire.
- En effet… Cela fait un moment que je ne t’ai pas vu te présenter à l’entraînement matinal, je souhaitais que nous y remédiions.

- Maître… avec les préparatifs pour la cérémonie du « Pacte des Lances Vermeilles », je crains bien de ne pas en avoir le temps…

- Allons, Yashiro ! Un personnage de ta qualité se doit d’être entraîné. Tu es l’ombre du Seigneur Genji, toujours présent à son côté, et le cas échéant, sa dernière ligne de défense. Pour pouvoir parer à toute éventualité, il est de ton devoir d’acquérir le maximum d’expérience.

Au ton du capitaine, la question ne faisait aucun doute. Yashiro reprendrait l’entraînement aujourd’hui même, de gré ou de force, pouvait-on même lire dans la fermeté de son regard. Devant l’expression un rien maussade et soucieuse du lige, un sourire carnassier gagna les lèvres de Halzan.




Edit Yuke: Survie mars validée.
Ryūji
Ryūji
Chi: 1er Chakra
Chi: 1er Chakra

IRL
Masculin Age : 28
Messages : 342
Dans le RP
PAA : Ryuji, adulte & enfant
Peuple : Expatrié(e)
Métier : Légende Infamante
Situation : disparu

UE : 100
UEM : 200

Compétences :
Shotokan-ryu:
Patrimoine :
détails:

http://thelastairbender.forumactif.com/t235-presentation-ryji-le-dragon-conquerant#2398

Revenir en haut Aller en bas

[Rp métier] Phénix et Dragon Empty Re: [Rp métier] Phénix et Dragon

Message par Ryūji 31/3/2011, 21:12

Une succession rythmique de bruits de pas, comme si une course furtive s’était lancée dans son dos. Yashiro réagit d’instinct, mû par une soudaine impression de danger, alerté de la menace par le frisson électrique qui escaladait sa colonne vertébrale. Le lige pivota soudainement, distinguant un rude mouvement à l’extrême périphérie de son champs de vision. En catastrophe, avec toutefois une célérité remarquable, ses bras s’élevèrent pour protéger son visage. La vitesse de ses réflexes avait toujours été l’un de ses points forts, il ne fit aucun doute à Halzan qu’elle venait d’ailleurs d’épargner à l’homme-lige de vives souffrances.

La garde de Yashiro fut brisée par l’attaque surprise du soldat, qui s’élevant dans les airs après avoir pris de l’élan, lui jetait au visage un coup de pied d’une rare violence. Le petit homme décolla littéralement du sol, projeté sur une courte distance par le choc, dont il se récupéra d’un semblant de roulade, amortissant sa chute et lui permettant de se hisser à nouveau sur ses deux jambes.
Les avant-bras douloureux, désorienté, le lige coula un regard incrédule vers son agresseur, qui déjà s’élançait vers lui pour poursuivre son assaut.

- Un instant… ! Voulut-il dire, interrompu par le poing qui s’écrasait contre son flanc, lui coupant le souffle. L’assaillant tâcha de cueillir la tempe de sa victime d’un coup de coude, mais manqua sa chance.
Yashiro venait d’esquiver d’un grand bond en arrière, exécuté trop rapidement pour qu’il puisse conserver son équilibre. Profitant du fait que son adversaire titubait, le soldat frappa de nouveau du pied. Le coup s’écrasa contre la garde du serviteur, puis fut suivi d’un violent direct, dévié de nouveau.
Agacé par son rival, fuyant chacune de ses attaques sans essayer de riposter, se contentant de parer et, d’une voix faible, de lui demander de lui accorder un moment pour qu’il puisse se préparer, le soldat s’élança pour enchaîner une frappe de tout son poids, bien décidé à clouer le lige au sol.
Vacillant vers l’arrière, le corps endolori, Yashiro serrait les dents avec tant que vigueur que ses gencives lui étaient douloureuses. Voyant que son ennemi se préparait à lancer un assaut décisif, se jetant entièrement à sa rencontre, sans réserve ni défense, le lige retrouva soudainement ses appuis. Dans un souple mouvement de balancier, presque une ondulation, il esquiva le coup et rentra au contact de son adversaire.
Profitant de l’élan de celui-ci, Yashiro le contra d’une frappe virulente, écrasant de ses phalanges la mâchoire du combattant, le cueillant au menton avec une telle violence que sa tête fut rejetée vers l’arrière, dans un choc qui lui secoua le cerveau. Les yeux du soldat perdirent de leur éclat, ses jambes fléchirent, mais déjà, de sa main gauche, le lige lui explosait un tympan, d’un coup de paume assourdissant, vociférant avec une rage que l’on ne connaissait guère au compassé Yashiro…

« Un instant, j’ai dit ! »
L’adversaire tomba à genou, comme un pantin dont on aurait coupé les fils. Le regard courroucé, Yashiro le poussa à terre d’un coup de pied au plexus.
Une poignée de secondes après le début de l’escarmouche, le soldat gisait au sol, les bras écartés et les lèvres pendantes.

Autour du tumulte, les guerriers cessèrent de s’entraîner, tournant un regard… intéressé vers la scène. Certains d’entres eux avaient un large sourire au visage, se murmuraient des paroles amusées, prenaient les paris, comprit le lige. Il aurait dû s’en douter… et n’aurait surtout pas dû remettre les pieds ici. L’air agacé, Yashrio observa Halzan qui s’en venait tranquillement arbitrer la rencontre, un petit rictus suffisant aux lèvres.
Le capitaine se pencha vers le soldat, plus étourdi qu’inconscient malgré la férocité des coups encaissés, et murmura.
- Comme d’habitude… La première manche revient à Yashiro ! S’exclama-t-il ensuite, d’une voix de stentor.

Les jambes tremblantes, le souffle rauque, le soldat se releva. Ce qui ne surprit guère le lige, Dohko avait toujours été un coriace. Il commençait à le connaître, car seulement trois mois après son arrivée au service du Clan Genji, Halzan avait fait de lui son partenaire d’entraînement privilégié. Le soldat était jeune, atteignait à peine la vingtaine d’années, mais on le disait prometteur, il apprenait vite et bien, tellement qu’on le considérait comme l’un des cinq plus éminents guerriers de la Garde Genji de Rajjartha, quand bien même constatait-on une certaine irrégularité dans ses résultats.
Le hic, chez Dohko, c’est qu’il manquait de concentration, malgré un talent rare dans l’art du combat.

Yashiro adopta une posture basse, souple, permettant de rapides mouvements latéraux. L’ardeur du soleil miroitait dans l’or de son regard, s’y reflétait une profonde vigilance, il attendrait le moment opportun pour réagir, et prendrait grande garde, car à partir de la deuxième manche… Halzan autorisait son disciple à user du pouvoir des flammes.

Dohko se relevait, sa longue chevelure, semblable à un long ruban de soie noire, ondula souplement alors qu’il secouait la tête, cherchant à reprendre ses esprits. Le soldat fixa d’un regard féroce, gris minéral et aride, son rival. Le jeune homme faisait une bonne tête de plus que Yashiro, des muscles puissants jouaient sur son torse, couvert de la tenue écarlate réglementaire des guerriers du clan Genji. Et il souriait, provocateur, fier, suffisant.
Ses bras tendus s’enroulèrent de flammes déchaînées qui se rassemblèrent aux creux de ses mains. Invoquée d’un ample mouvement, une vague flamboyante fendit l’air en direction du lige, qui se baissa promptement pour éviter d’être fauché. Du coin de l’œil, Yashiro s’aperçut toutefois que la ligne de feu ne se dissipait pas mais ralentissait sa course derrière-lui, pour revenir le cingler dans une impulsion évoquant un fouet, une chaîne incandescente qui s’abattit furieusement à l’endroit où il se trouvait une seconde encore, qu’il n’esquiva qu’en se jetant en catastrophe sur le côté, achevant une roulade maladroite pour contempler les larges cordes flamboyantes que Dohko tenaient à chaque main.
Ceci… était bien loin des tirs enflammés réguliers que projetaient d’ordinaire les Maîtres du Feu dans leurs enchaînements martiaux. C’était une technique développée pour capturer et vaincre un adversaire rapide et agile, incapable d’attaquer à distance. C’était une technique développée pour le vaincre, lui, et c’était parfaitement nouveau…

Dohko progressait vite, en effet… Le lige avala sa salive, fit taire l’inquiétude qui palpitait à ses tempes, qui empoisonnait son sang… se calma, se concentra, s’affuta telle une lame en attendant le moment opportun, celui où il plongerait sur son adversaire et l’éventrerait d’un coup unique.
Ses yeux brillaient comme ceux d’un fauve blessé.

Les flammes feulèrent, s’élancèrent vers le lige à la manière de fouets vrombissants pour s’exploser sur le sol pierreux dans mille gerbes de feu. Yashiro demeurait courbé, esquivant les assauts au dernier moment tout en restant attentif à l’ensemble de ces lignes embrasées qui zébraient le ciel de leurs ondulations assassines. Alors qu’il s’acharnait à mettre de la distance entre les armes ignées de Dohko et lui-même, son adversaire semblait en générer toujours plus, concentrant dans ses poings tout un chapelet de chaînes flamboyantes. Les fouets meublèrent l’espace de combat, parurent même s’animer, leurs curieuses oscillations semblables aux mouvements de serpents, dont le lige tâchait d’esquiver les ardentes morsures.

Yashiro se sentait pris au piège dans un nid de vipères, leurs anneaux brûlants s’agglutinaient tout autour de lui, et chaque frôlement le menaçait d’une cuisante brûlure. Comme pour tester la résistance de leur proie, les serpents attaquaient chacun leur tour, dodelinant lentement de la tête avant de chercher à lui ouvrir la chair de leurs crochets. La marge de manœuvre du lige était réduite, se devant d’éviter les esquives trop amples, au risque de se faire faucher par une autre vipère.

Alors Yashiro virevoltait, usant de feintes corporelles et de toute sa ruse pour tromper ses prédateurs, esquissant quelques mouvements apocryphes avant de filer au travers de la jungle de lianes enflammées, évitant leurs contacts en se contorsionnant, en tourbillonnant sur lui-même, tel le vent qui souffle au travers des frondaisons, profitant de la moindre brèche pour s’infiltrer.
Ce vent-ci devint bientôt une rafale courroucée, fondant hors de la forêt de vipères flamboyantes pour surprendre leur dresseur. Parvenu au contact de son adversaire, le lige eut un rictus sardonique en contemplant la surprise et le soudain affolement qui se peignaient sur son visage.
Mais Dohko prit immédiatement une large inspiration, le torse bombé, pour délivrer un terrible souffle de flammes, qui, rugissantes, bondirent sur Yashiro. Le serviteur pila pour stopper sa course et se lança sur le côté pour éviter d’être emporté par le voile de feu. Déséquilibré, il glissa sur la roche et posa le genou à terre. Les vipères profitèrent de le voir en position de faiblesse, plusieurs d’entres elles jaillirent vers lui, trop pour qu’il puisse se jouer de toutes. L’une d’elle profita du saut désespéré qu’il fit vers l’arrière pour le mordre cruellement à la cuisse, déchirant la chiche étoffe qui le couvrait pour infecter sa chair d’une douloureuse brûlure. Cueilli en plein vol, Yashiro s’écrasa au sol, étouffant le cri de douleur qui lui montait aux lèvres.

En sueur, les vêtements poisseux, le lige se releva péniblement, dardant un regard enflammé vers son adversaire qui faisait lentement tourner ses serpents autour de lui, en attendant qu’il se relève ou déclare forfait. Dohko se pavanait, lui-même épuisé par les efforts qu’il déployait pour exécuter sa technique, mais exultant d’enfin tenir à sa merci l’insaisissable Yashiro.
Qu’il crâne tant qu’il le pouvait encore ! Il pouvait bien simuler tout autant qu’il voulait, le lige voyait bien que ses jambes flageolaient, que les vipères elles-mêmes avaient tellement perdu en vélocité depuis le début de l’affrontement qu’elles n’étaient plus que l’ombre d’elles-mêmes. De plus, la terreur qui avait imprégnée son visage au moment où il était parvenu à son contact n’était pas feinte. Il avait réagi en catastrophe et cela lui avait réussi, mais si Yashiro pouvait esquiver son souffle, le combat s’achèverait aussitôt. Le regard du lige s’assombrit. S’il pouvait le frapper de nouveau, il ne se retiendrait pas comme tout à l’heure…

Sa jambe lui cuisait, de la chair brûlée lui parvenait une douleur acide qui déferlait dans tout son corps. Serrant les dents, il se força à concentrer ses pensées sur le combat. Son membre le ralentirait, mais il faudrait faire avec.
Yashiro s’élança de nouveau, et comme si le signal de la reprise du duel était donné, les serpents se réanimèrent, jaillissant vers lui et sifflant à ses oreilles alors qu’il ne les esquivait que de justesse, malgré leur relative lenteur. Sa jambe le pénalisait trop… Le corps des ondoyantes vipères formait un enchevêtrement inextricable qu’il ne pouvait pas franchir avec son soudain handicap, alors le lige bondit, se livra aux flammes dont l’ardeur décroissait progressivement depuis le début du combat, pour sauter à la gorge de Dohko. Celui-ci, moins affaibli que ne le pensait son adversaire, esquiva souplement l’assaut et riposta de sa kyrielle de fouets enflammés, s’élevant dans les airs et plongeant sur le lige. Les lignes de feu s’entremêlèrent pour former une véritable vague incandescente qui emporta Yashiro avant de se briser sur le sol de pierre dans un bruit de ressac assourdissant.


Sur la roche brûlante, l’homme-lige du clan Genji était étendu. L’ample morceau d’étoffe bleutée qui l’habillait il y avait encore un instant brûlait vivement à son côté, mais le serviteur n’était pas exempt de blessures pour autant. Yashiro commençait à se relever, douloureusement, quand retentit la voix de Halzan.

« Dohko remporte la deuxième manche ! »
Une clameur enthousiaste s’éleva de l’assistance, les soldats criaient des encouragements, des félicitations à l’un ou à l’autre des deux combattants. Mais Dohko ne les entendait pas. Le visage pâle et tremblant, son regard s’était immobilisé sur l’homme-lige, au sol, son manteau enflammé près de lui. Il s’était défaussé de son vêtement à la dernière seconde, s’en était fait un bouclier tourbillonnant dont il avait nourri le plus gros des flammes. Yashiro était certes blessé, mais il avait évité le pire. Le soldat l’avait toujours su : le lige était un adversaire surprenant, exceptionnel. Bien qu’il n’aurait jamais pu l’avouer à quiconque, il éprouvait pour lui un grand respect.

Et c’était cet homme là qu’il battait pour la première fois aujourd’hui.

Ce n’était qu’une manche sur trois, mais jamais encore il n’était parvenu à lui arracher cela.
Une excitation et un délicieux bien-être envahirent le corps de Dohko, qui remonta lentement sa garde. Il lui restait un troisième duel à livrer, et peut-être… peut-être réussirait-il enfin…



Edit Yuke: +50UEM


Dernière édition par Ryūji le 1/4/2011, 00:49, édité 1 fois
Ryūji
Ryūji
Chi: 1er Chakra
Chi: 1er Chakra

IRL
Masculin Age : 28
Messages : 342
Dans le RP
PAA : Ryuji, adulte & enfant
Peuple : Expatrié(e)
Métier : Légende Infamante
Situation : disparu

UE : 100
UEM : 200

Compétences :
Shotokan-ryu:
Patrimoine :
détails:

http://thelastairbender.forumactif.com/t235-presentation-ryji-le-dragon-conquerant#2398

Revenir en haut Aller en bas

[Rp métier] Phénix et Dragon Empty Re: [Rp métier] Phénix et Dragon

Message par Ryūji 31/3/2011, 21:24

Le corps de Yashiro n’était que souffrances. Ses habits pendaient sur lui, loqueteux, encore toutefois trop épais pour que l’on aperçoive sa peau, le Ciel soit loué. Il n’aurait manqué plus que cela… Respirant difficilement, à grandes goulées, il observait son adversaire, conscient que s’il s’essayait de nouveau à le vaincre par sa seule vitesse et technique martiale, il perdrait lamentablement une autre manche, au prix de cuisantes douleurs.
Alors, tandis que Halzan levait le bras pour ordonner la reprise du combat, le lige se tourna vers les gardes, confortables dans leurs rôles de spectateurs.

- Donnez-moi un bokken. Leur intima-t-il.

Surpris par cette injonction, la foule mit quelques instants à réagir, puis s’ensuivit une petite effervescence pendant laquelle ils se mirent à la recherche de l’objet demandé. Les sabres en bois étaient rares à la Cour d’Entraînement, les soldats vétérans s’entraînaient à armes réelles pour garder vifs leurs réflexes et intuitions.
On lança le sabre au lige, qui le récupéra au vol, sans même le regarder, exécutant de brefs mouvements circulaires où l’arme siffla furieusement dans l’air, au grand étonnement des soldats présents. C’était la première fois que Yashiro s’équipait d’un sabre, et il paraissait étrange qu’il n’ait pas évoqué en avoir la maîtrise auparavant. Halzan, surtout, fronçait les sourcils avec perplexité en observant la scène.

« Parfait… » Souffla l’homme-lige, à peine audible et le regard comme transformé. Il apposa la lame du sabre tout près de sa hanche, comme rangée dans un fourreau imaginaire. Fléchi sur lui-même, légèrement penché vers l’avant, Yashiro paraissait prêt à dégainer à tout instant. Et ses yeux… avec intensité, se rivaient dans ceux de son rival, qui ressentit une pression à laquelle il n’était guère accoutumé.
Etait-ce bien Yashiro… ? Jamais le petit homme ne lui avait paru aussi… menaçant. Presque sauvage… Son regard d’or, dans lequel se reflétait l’éclat solaire, paraissait briller d’une furieuse lumière, pire, semblait le condamner. Ce n’est qu’un sabre en bois ! Se reprit-il, secouant faiblement la tête. Mais croisant de nouveau son regard, il ne parvint pas à chasser toutes ses craintes, et le cri de l’arbitre le fit presque sursauter.

A l’exact moment de la reprise, Dohko vit bouger le bras de son adversaire, quand bien même furent-ils encore éloignés de presque six pieds. Le mouvement fut si vif qu’il parut déchirer l’air, avec un déplacement de grande amplitude, requérant autant de force de ses cuisses, de ses hanches que de son dos, le lige dégaina et frappa d’un même élan. Le sabre trancha si vite qu’il s’effaça du champs de vision du soldat, pétrifié, qui ne le vit reparaître que sous la forme d’un disque de bois sombre, véritable tourbillon qui brisa la distance qui les séparait pour lui déchirer la pommette dans un claquement sauvage. La violence du choc et la douleur, impérieuse maîtresse, explosèrent contre son visage, firent sèchement pivoter son crâne. Le monde devint flou, défila précipitamment, et alors que Dohko tâchait de recentrer son attention sur son rival, il lui apparut que celui-ci était comme figé dans les airs, juste à son côté. Dans un éclair bleuté, la jambe restée indemne du lige foudroya le soldat, lui percutant la joue avec fureur et rejetant sa tête dans l’autre sens. Yashiro atterrit, et sur le corps qui vacillait de son adversaire, fit tomber une pluie de coups vengeresse, le martelant d’un déluge exalté, enragé, qui explosa sur son visage, contre son estomac, ses flancs, frappés d’une cascade de solides coups de poings, portés avec tout le poids de son corps et magnifiés de mouvements ondoyants, chargés d’énergie, dont il précédait chaque frappe. Plié en deux par la douleur, Dohko bascula vers l’avant, et encaissa de plein fouet le coude lancé contre sa mâchoire, suivi d’un coup de grâce imprégné de fureur. A la seconde où son pied claqua vivement contre le sol de pierre, la paume du lige percuta le plexus de son ennemi, lui infligeant un terrible haut-le-corps avant de proprement le décoller du sol et l’expédier vers le public, incrédule.

Les poings serrés, comme tout entier transporté, balloté par chacune de ses lourdes inspirations, Yashiro se tenait immobile. Les vivats des soldats, ou leurs cris de surprise, résonnaient étrangement à ses oreilles, les sons ne lui parvenaient plus que comme à travers un filtre. Dohko, anéanti, pendait misérablement, retenu des bras secourables de ses semblables. Comme il se l’était promis, il l’avait réduit en miettes… mais le lige ne songeait plus à cela. Ni même à sa colère, à son désir de revanche, à la furieuse douleur qui le parcourait… non tout lui paraissait soudain dérisoire.
Ses yeux de fauves, mordorés comme ceux d’un loup, affamés, s’étaient dardés sur le sabre en bois, revenu à ses pieds après le choc. Décidemment, la poignée d’un sabre, fut-ce un bokken, seyait si bien aux paumes de ses mains, s’y adaptait comme si elle avait été façonnée pour ce seul but, ce seul écrin. Il lui aurait suffi de se pencher, juste un peu, pour récupérer l’arme, pour goûter de nouveau à cette délicieuse ivresse… et ne restait-il pas pléthores d’adversaires pour tester son tranchant ? Une étrange folie s’était imprimée dans son regard, lorgnant la touche de pourpre qui maculait le fil du bokken, à l’endroit où il avait éclaté la pommette de son rival.
Le reprendre… Même juste un instant… ?

Yashiro se pétrifia. Un regard pesait avec insistance contre sa nuque. Halzan l’observait, intensément. L’air perplexe sinon soucieux, avide de percer cette carapace de secrets dont le lige se cuirassait. Le petit homme détourna les yeux du sabre tant convoité, comme à regret, s’en revenant vers le capitaine d’un pas claudiquant.

- Yashiro remporte le duel ! Annonça finalement le coordinateur militaire, étudiant toujours le vainqueur qui s’approchait de lui, et qui vint littéralement se laisser tomber à ses pieds.

- J’ai mal… Souffla-t-il. Comment voulez-vous que je travaille correctement dans cet état, maître Halzan… ?

Il y avait un rien de malice dans sa voix. Leurs regards se rencontrèrent, et Halzan lâcha l’affaire… pour le moment. Quel que fut le voile de mystère dont se drapait le petit homme, il ne le déchirerait pas aujourd’hui.

- On va t’appliquer de l’onguent pour tes brûlures. Tu n’es pas si mal en point que cela, à la différence de notre ami Dohko, lâcha-t-il en jetant un coup d’œil au soldat qu’on tâchait encore de réanimer, je gage qu’il ne te faudra qu’une petite semaine pour te remettre.

Le lige soupira, mais demeura mollement étalé sur la pierre tiède, les yeux fermés, cherchant encore à reprendre son souffle.
- Il devient fort… Dit-il, admiratif

- Pas suffisamment, à ce qu’on dirait.

- La prochaine fois je ne l’aurai pas aussi facilement.

- Mais tu trouveras sans doute autre chose pour le piéger. Dohko n’est pas assez fourbe pour toi, mais je pense sincèrement que ça lui fait du bien de se confronter à un adversaire aussi peu conventionnel.

- Hahan… Admettons, c’est sûrement très bien pour lui, mais vous avez pensé à moi ?

- Oui. Je te soigne de ta fainéantise.
L’onguent dont on voulut tartiner ses brûlures était l’un de ces remèdes qui apparaissait pire que le mal. Une grimace figée au visage, Yashiro appliqua le baume soigneusement, proférant entre ses dents de virulentes malédictions et se réjouissant honteusement que l’on ait tant de mal à éveiller Dohko.

Le soldat revint néanmoins à lui, à grands renforts de seaux d’eau qu’on lui jeta au visage. Se remettant sur pied dans un grognement déchirant, celui-ci s’exclama.
- Ce… ce n’était pas honnête comme manière de combattre ! Maître Halzan, je demande une revanche !

Ses cris plaintifs sonnèrent comme ceux d’un enfant aux oreilles de Yashiro, qui grigna de plus belle. Le capitaine, alerté par ces exhortations, fut en instant auprès du blessé gesticulant.

- Silence. Le sermonna-t-il. Accepte ta défaite, Dohko. Ton adversaire s’est monté plus malin que toi, et tu ne peux lui reprocher l’expédient dont il s’est servi. Yashiro ne possède pas comme toi le don du feu, à quoi ressemble-tu à te plaindre qu’il ait usé d’un sabre en bois ?

Le peu de couleurs qui restait au visage du soldat déserta. La face livide, ébranlé tant par les propos de son maître que par son affaiblissement physique, il baissa piteusement la tête.
Yashiro constata avec surprise la profonde révérence guerrière que lui adressait son rival, et se mettant péniblement debout, lui rendit la pareille sans le moindre zeste de facétie. Jetant un dernier regard au capitaine et au soldat vaincu, l’homme-lige du clan Genji claudiqua en direction de la sortie.



Edit Yuke: +50UEM
Ryūji
Ryūji
Chi: 1er Chakra
Chi: 1er Chakra

IRL
Masculin Age : 28
Messages : 342
Dans le RP
PAA : Ryuji, adulte & enfant
Peuple : Expatrié(e)
Métier : Légende Infamante
Situation : disparu

UE : 100
UEM : 200

Compétences :
Shotokan-ryu:
Patrimoine :
détails:

http://thelastairbender.forumactif.com/t235-presentation-ryji-le-dragon-conquerant#2398

Revenir en haut Aller en bas

[Rp métier] Phénix et Dragon Empty Re: [Rp métier] Phénix et Dragon

Message par Ryūji 30/4/2011, 19:05

« Le Chêne Rouge » était un petit salon où Dame Kaguya aimait à prendre le thé. Situé au deuxième étage de sa large demeure, le lieu était une salle carré, toute tapissée de soyeux et chatoyants coussins de velours, de tentures aux couleurs chaudes et apaisantes, ainsi que d’une discrète table centrale dont le bois sombre était marbré de belles et profondes veines bordeaux.
C’était là un endroit paisible, à l’ambiance peu formelle, où il faisait bon de rencontrer un invité de prestige, dans une atmosphère décontractée, pour discutailler de choses et d’autres en toute simplicité. « Le Chêne Rouge » était également l’un de ces lieux où ne circulaient que ses plus fidèles serviteurs, ceux dont l’Héritière aurait volontiers répondu de la loyauté, au prix même de sa vie. Ou, du moins, était-ce le cas autrefois. Avant que le matois Yashiro ne rejoigne son service…

Ses chambrières avaient affublé Dame Kaguya d’un kimono d’une exquise blancheur, où comme sur fond de voluptueux nuages, flottaient gracieusement une nuée de pétales de cerisier, d’un rose tendre, du même ton que celui qui ornait ses lèvres délicates. Un large ruban de soie, à l’azur pastel, donnait comme une petite touche de ciel à l’harmonie de son ensemble. Quelle tristesse que sa chevelure n’ait été aussi rayonnante que le soleil ! S’étaient chagrinées les demoiselles chargées de sa vêture, mais Kaguya avait fermement refusé toute proposition de teinture ou autres artifices capillaires. Ainsi ses cheveux noirs filaient librement contre son dos, à peine aguichés de deux tresses discrètes, caressant ses frêles épaules. Il n’était pas question que l’on commence à la grimer, ou à lui tartiner le visage de poudres et de crèmes animales à l’écœurant parfum. Le choix lui eût-il échu, la Dame du Clan Genji se serait habillée d’une solide tunique en drap et de braies maintenues d’un morceau de ficelle. Pour peu que ce soit pratique, peu lui importait d’être vêtue d’un sac. Ce que n’aurait jamais toléré sa cour, bien entendu.

Assise à genoux devant un jeu de Pai Sho à la délicieuse finition, la Dame étudiait le plateau, façonné de précieux bois d’ébénisterie, jugulant les nuances sombres de l’ébène et du cèdre rouge, ainsi que celles plus claires du Kaya. Les pions étaient taillés d’opales blanches, au grain opaque et laiteux, et de tourmaline noire, deux gemmes ciselées d’or et d’argent pour tracer à leur surface les motifs floraux des pièces du Pai Sho.

La porte coulissa bientôt, révélant un individu massif, jouissant d’un confortable embonpoint. Vénérable, son crâne dégarni était saupoudré d’un voile de cheveux blancs, persistant à ses tempes pour joindre une ample barbe carrée, immaculée comme les premières neiges. Apercevoir la délicate héritière, dans ses atours les plus raffinés, fit s’épanouit un large sourire sur son visage rubicond. Le conseiller Lee-Meng entra dans « Le Chêne Rouge » à grandes enjambées, prononçant le nom de sa pupille avec cette joie un peu émue -si chaleureuse qu’elle s’en vient du plus profond du cœur- qu’ont les grand-pères qui redécouvrent leurs petites-filles après que l’eau ait trop bien coulé dans la clepsydre du temps.

Le vieil homme donna à Kaguya une accolade digne d’un ours, à laquelle la demoiselle répondit de bon cœur.

- Tu es plus belle chaque fois que je te vois ! S’exclama jovialement le vénérable, gardant les épaules de sa protégée captives de ses larges pognes alors qu’il la contemplait de haut en bas.

- Bonjour, mon oncle. Répondit-elle avec un petit sourire.

Devisant comme le veut l’usage en pareilles circonstances, le conseiller et l’héritière s’installèrent chacun sur un petit coussin à l’étoffe pourprée et s’enquirent avec chaleur de l’état de santé de leurs proches. Une domestique au visage effacé d’un voile de chevelure ébène leur porta une théière brûlante et parfumée, ainsi que deux tasses délicates de jade poli. Le breuvage était puissant, racé, dont l’amertume se voyait adoucie d’une touche de miel blanc et de jasmin.

C’est avec un léger sentiment d’impatience, de fébrilité, que Kaguya porta la boisson à ses lèvres. Les discrètes notes de la souffrance résonnaient dans son esprit, et quand bien même le thé du lige en tempérait le tempo, la migraine lui était devenue une mélodie familière. La jeune femme avait appris à isoler ses pensées du tumulte de la douleur, mais puisque le breuvage adoucissait la violence de son carillon, n’aurait-elle pas été bien sotte de s’en priver ?

Ses maux de tête apaisés, réduits à l’état de murmures lointains et éthérés, la Dame reporta son attention sur son invité.
Lee-Meng se délectait lentement du breuvage. Ses yeux, vifs, finissaient un examen minutieux du « Chêne Rouge » pour finalement retomber pensivement sur la table basse et les objets qu’elle accueillait.

- Mon vieux plateau de Pai Sho… Dit doucement le vieil homme. La nostalgie éraillait sa voix et embuait son regard. La demoiselle n’avait guère plus de dix ans quand il le lui avait offert. Une toute petite enfant qui étudiait de ses grands yeux noirs, brillants d’intelligence, chaque partie que menaient son père et lui-même. Tu l’as donc encore…

Emu, peut-être touché par l’attention, il captura un pion de ses doigts secs et rudes, et le regarda resplendir sous le flot de lumière solaire déversé depuis une porte coulissante, donnant sur le balcon. Un sourire de connivence aux lèvres, ils entamèrent une partie. L’objet de sa visite reposait sous son coude, dans une des larges manches de son kimono au jaune pétulant, néanmoins… celui-ci pouvait attendre encore un peu.


Les pièces claquaient avec régularité sur le plateau de bois précieux, qui fleurissait de lys, roses, chrysanthèmes et rhododendrons, océan de pétales épanouies, noires et blanches, où nageaient paisibles lotus et puissants dragons. Les mains des joueurs exécutèrent un ballet habile, composé de virevoltes élégantes dont chaque coup –éclaboussé des lueurs du zénith- jetait mille éclairs scintillants. Le Pai Sho était un art, une confrontation subtile de deux couleurs contraires, qui ensemble, par lutte, tâtonnements puis dialogue, tâchaient de se composer en Harmonie.

Mais pour l’heure, le Dragon blanc, planté au cœur du territoire rival, rendait l’exercice périlleux, engendrait une discorde féroce, meurtrissant la couronne de fleurs noires délicatement plantée par l’adversaire. Dévaster les forces ennemies consumait un temps précieux où Blanc aurait dû développer son territoire.

Le Dragon, rageur, complexifiait la délicate recherche de l’harmonie, aussi, Lee-Meng jouait avec prudence, ses sourcils froncés dans un arc broussailleux qui soulignait son effort de concentration. De temps à autre, le Conseiller relevait un regard surpris vers l’Héritière, dont le sourire confiant illuminait le visage d’albâtre. Maîtresse du Dragon -qui avait assouvi sa faim, dévorant multitudes d’âmes du camp adverse- elle laissait désormais la bête reposer, solitaire et triomphante dans les ruines fumantes.

« C’est une stratégie audacieuse… et cruelle. » Commenta finalement le conseiller, sa main qui tenait un pion gravé de l’élément Feu s’immobilisant au-dessus du plateau ; dardée et brasillant d’un éclat rubis, la pièce paraissait prête à piquer sur le champ de bataille tel un faucon de lumière rouge.

- Cruelle, mon oncle ? Releva doucement Kaguya.

- Après s’être démené pour sa maîtresse, le voici abandonné au milieu des forces ennemies... et l’étau se resserre. Le Dragon a rempli son office, et sa tête maintenant va rouler.

La tuile noire, marquée d’une flamme, se posa non loin du Dragon blanc, s’érigeant sur le plateau en un mur de feu coupant la bête de ses alliés. L’Héritière accueillit d’une petite moue de désapprobation les propos du conseiller. Les étoiles –intersections des lignes en damier- du Pai Sho recelaient encore toute une constellation de possibilités. Il était trop tôt pour enterrer son champion.

- La partie n’est pas finie. Lâcha-t-elle, une petite note de contrariété dans la voix.

- Certes…

Lee-Meng dissimulait le divertissement qu’il tirait de la situation, mais ses yeux noirs pétillaient de joie et de fierté. La petite Kaguya lui paraissait avoir bien grandi, peut-être même trop vite du fait des responsabilités lui étant échues. Son cœur se réchauffait donc en secret de voir se manifester chez elle les reliefs de son enfance, où sa bouche en bouton de rose avait la si fréquente tendance à s’ouvrir sur une mimique boudeuse, presque chagrine… comme celle qu’elle s’efforçait de réprimer à cet instant.

Le vent et le feu conjuguèrent leurs efforts et donnèrent la chasse au Dragon. Pour restreindre ses mouvements, une pluie de pierres vrombissante grêla les champs de fleurs panachés, déjà arrachées à la terre par les rafales cinglantes et consumées du brasier déchirant s’élançant à la suite du monstre d’écailles blanc. Sur le sillage de la bête, la mort tombait, tonnait, et du territoire Noir, jardin majestueux à l’alignement subtil, aux corolles pleinement déployées, ne resta d’un massif de dévastation, terre suppliciée dont la flore survivante s’ébattait dans le plus sombre des chaos. Maculé de cendre, dans sa fuite éperdue, le Dragon trouva refuge sur les bancs de roses et lys blancs, où une fois la tempête passée, il s’enroula faiblement, dans un tendre cercle d’écailles protectrices. Lové entre les fleurs immaculées, il s’assoupit, et dans la confusion sauvage et sanglante qui avait gagné le plateau, naquit juste une petite étoile d’harmonie.

Les armées noires s’élancèrent aussitôt vers le havre de paisible lumière blanche, mais le feu et la violence qui avaient précédemment traqués le dragon refluèrent sur le territoire ravagé. Comme la vague va et vient, lèche le sable humide et s’en retourne vers les profondeurs, les éléments déchaînés happèrent les troupes ennemies, et avec elles, rallièrent les ténèbres puis le néant.

Le conseiller du clan Genji étudiait la configuration des tuiles sur le plateau, l’air songeur, doucement impressionné. Sa défaite était totale. Son camp n’était plus que ruines et destruction. Le vieil homme creusa sa mémoire… lui avait-on un jour infligée plus cuisante défaite ? Il ne croyait pas avoir déjà conclu une partie de si piteuse manière. Certes, on l’avait déjà vaincu, de nombreuses fois, mais jamais encore on ne l’avait annihilé.
La petite Kaguya était devenue un Seigneur redoutable… une pensée qui le fit doucement soupirer. « Redoutable », ça ne lui allait pas. Ce n’était pas un qualificatif dont il aimait la coiffer, mais c’était bien le minimum qu’il lui faudrait être pour prétendre à la succession des Genji.

« Joues-tu souvent ? Pour que tu aies aujourd’hui un tel niveau… ton partenaire doit être remarquable. »

- Halzan a parfait mon apprentissage. Le Pai Sho est au nombre de ces choses qu’il m’enseigne dans l’espoir d’être guidé par une commandante avisée.

Le fameux Halzan, bien entendu. Une recrue de tout premier choix, dont il avait lui-même soufflé le nom à l’oreille du Seigneur Genji. Lee-Meng se redressa avec un grognement d’effort, et de sa démarche paisible, gagna le balcon. Le bois de la balustrade, en orme noir, était chaud sous ses mains fripées, délicieusement gorgé de soleil radieux. Alors qu’il laissait son regard errer vers le lointain -vers les silhouettes obscures des chaînes de montagnes, parées de lambeaux de brume- la demoiselle le rejoignit.
Là, il tira de la manche de son kimono une frêle missive, cachetée d’un sceau de cire dorée représentant un rapace stylisé, déployant ses ailes au cœur d’un nimbe de flammes. L’Héritière du Clan Genji brisa l’oiseau et parcourut le message, ses yeux noirs, profonds, en détaillèrent le contenu d’une seule traite, et la lettre s’embrasa soudainement, dans un éclair flamboyant et affamé qui ne recracha qu’un maigre nuage de cendres éparses, doucement emporté par la bise tourbillonnante.

- Vous l’avez décodé. Dit-elle gravement, et dans sa voix carillonnait comme une note d’impatience, de triomphe et d’exultation. Voilà si longtemps qu’elle attendait…

- Oui… mes hommes et moi-même ne sommes ici que pour s’occuper du domaine pendant ton absence… Des agents t’attendront à la première étape, au village de Hiiko. Ils ne connaissent évidemment pas votre destination.

- Je vais préparer l’expédition. Nous partirons dès la fin de la Cérémonie des Lances Vermeilles.

Sur le lacet de terre brune en contrebas, serpent sinueux qui reliait la demeure au camp d’entraînement de la Garde Genji, naquit une ombre. Discrète, mouvante, elle revenait du plateau où Halzan formait ses troupes, d’une démarche curieusement ralentie, boitillante. Plissant les paupières pour atténuer la réverbération crayeuse du quartz qui constellait la robe noire des montagnes alentours, Lee-Meng tâcha de mieux distinguer l’individu.

- Ton Dragon est de retour. Lâcha-t-il avec une pointe d’aigreur.

Le vénérable n’aimait pas Yashiro. Ou du moins, n’appréciait guère que lui soit confiée la tâche de protéger sa pupille. L’homme était fluet, sournois et imprévisible, de surcroît, il avait un jour eu l’outrecuidance de souffleter le conseiller pour la familiarité qu’il avait manifesté à l’Héritière en présence de sa cour. Une rebuffade qui n’était pas totalement déméritée, Lee-Meng voulait bien le reconnaître. N’avoir connu que l’enfant lui faisait parfois oublier qu’il s’adressait au prochain Seigneur Genji… il ne pardonnait pas pour autant son geste à l’homme au regard fauve, indiscipliné et sauvage. Impossible de comprendre pourquoi Kaguya refusait de s’en débarrasser…

Lee-Meng s’en revint vers la table basse et se servit une nouvelle tasse de thé. Portant le breuvage tiède à ses lèvres, il jeta un coup d’œil au plateau de Pai Sho, plus précisément : observait le Dragon Blanc, coiffé d’une couronne de lys et environné de roses immaculées.

« Prends garde, soupira-t-il. Le Dragon Blanc du Pai Sho est fort et docile, celui-ci revient se lover auprès de la Dame du Lys si elle lui tend sa main… le tiens pourrait bien ne revenir que pour quérir ta gorge de ses crocs. Diligent dans la bataille, il n’est pas pourtant autant digne de ta confiance. C’est d’ailleurs folie que d’en accorder à une bête sauvage. »

A peine l’eut-il prononcé que le vieil homme sut qu’elle n’écouterait pas son conseil.

- Le Seigneur Genji n’est pas la Dame du Lys. La main qui ordonne son retour sait se montrer douce, caresser les écailles rugueuses de son cou… mais peut tout aussi bien le lui rompre.

Dame Kaguya no Genji planta un regard flamboyant dans celui de son oncle. Le soleil dans son dos faisait danser une ombre sur son visage, dont les traits, ourlés de détermination, s’étaient figés dans un masque d’abnégation et de devoir. Depuis la lecture de l’ordre de mission, quelque chose s’était métamorphosé en elle. Lee-Meng n’aurait su dire quoi, mais elle dégageait désormais une présence impérieuse, un halo de pouvoir qui crépitait dans l’air, menaçant à tout instant d’exploser dans une gerbe de flammes sauvage… Même la douceur de son sourire lui paraissait effilée comme de l’acier, trompeuse et meurtrière.

Le Conseiller ne l’oubliait pas. Du Phénix, elle était les Serres, le fer-de-lance.


Edit Kess: survie avril ok
Ryūji
Ryūji
Chi: 1er Chakra
Chi: 1er Chakra

IRL
Masculin Age : 28
Messages : 342
Dans le RP
PAA : Ryuji, adulte & enfant
Peuple : Expatrié(e)
Métier : Légende Infamante
Situation : disparu

UE : 100
UEM : 200

Compétences :
Shotokan-ryu:
Patrimoine :
détails:

http://thelastairbender.forumactif.com/t235-presentation-ryji-le-dragon-conquerant#2398

Revenir en haut Aller en bas

[Rp métier] Phénix et Dragon Empty Re: [Rp métier] Phénix et Dragon

Message par Ryūji 1/6/2011, 01:12

La cour intérieure du domaine Genji était un vaste jardin à ciel ouvert, habillé d’une herbe tendre au vert prononcé et d’arbustes épars jalonnant les petites allées tracées au sable blanc. De larges rochers polis par les âges se prélassaient dans leurs nids de verdure, formes ancestrales figées dans des postures insolites qui titillaient l’imaginaire des promeneurs. Sur un banc de pierre tiédi par le soleil, Yashiro étendait sa jambe meurtrie. Les branches fines et les gerbes de fleurs lavande d’un paulownia fatigué déposaient sur le jeune homme un filigrane d’ombres caressantes. L’arbre était fripé, avachi, comme un vieillard longtemps harassé par un trop dur labeur. Il y avait un petit quelque chose de poignant dans cette façon qu’avait le végétal d’étendre vers le ciel ses panicules colorées, comme un homme le ferait pour protéger ses yeux de la morsure du soleil. Ses fleurs claires, si semblables à des doigts, renforçaient l’illusion, ajoutaient à l’apitoyable du spectacle.

Tout juste rentré du camp d’entraînement, c’était cet endroit qu’avait choisi le lige pour rencontrer l’envoyé du maître-artisan Takumi. Gardes et domestiques ayant été avertis d’y mener le livreur, Yashiro patientait en achevant de soigner son membre blessé. Le petit homme nouait délicatement un linge humide autour du cataplasme à l’argile vert - fameux remède destiné à résorber les cloques naissant sur la chair brûlée de sa cuisse – lorsque l’émissaire se présenta. Deux sentinelles abandonnèrent le commis à l’entrée du parc, lui désignant en son centre la silhouette bleuâtre et solitaire qui l’y attendait.

L’apprenti de la maison Takumi était un solide gaillard, vêtu d’une tunique de lin écrue tendue au niveau des épaules et d’un hakama, ces pantalons amples et plissés qui camouflent les mouvements des jambes, indigo. L’homme était grand et sec, tout en aspérités. Sur son crâne, soigneusement rasé, s’étirait une peau à l’olivâtre léger où un curieux effet de transparence laissait saillir des veines violacées. Son visage taillé à la serpe se creusait d’un sourire figé tandis qu’il approchait du lige, ses grandes enjambées rendues maladroites par les paquets volumineux tenus serrés contre sa poitrine. Face à Yashiro, l’individu esquissa une révérence chancelante et riva sur lui un regard charbonneux.

- Maître Takumi vous fait part de ses plus respectueuses salutations, lige du clan Genji. Croyez bien que mon instructeur regrette de ne pouvoir vous faire livraison lui-même, les commandes abondent en cette saison et nous avons fort à faire. Mon nom est Zurin, je suis à votre service.

La voix rocailleuse de l’apprenti n’était pas plus puissante qu’un murmure, si bien que pour saisir le sens de ses paroles, le petit homme dut se pencher vers lui et tendre l’oreille. Les mots, prononcés avec une certaine rudesse, étaient marqués par un fort accent, très brut, sec, qui rappelait quelque chose au lige, sans qu’il arrive pourtant à mettre le doigt dessus. Il y avait un endroit où les hommes parlaient ainsi, mais où était-ce encore… ? Cela finirait par lui revenir.

- On m’appelle Yashiro. Ne perdons pas de temps, Zurin, montre-moi ce qu’a donné la restauration.

Un grand arc en bambou, gracieusement galbé de part et d’autre de la poignée, s’arracha de la chrysalide de soie pourpre où il se trouvait emmailloté. L’arme était façonnée de bois rouge, profond, parcouru d’un vaste entrelacs de marbrures amarante exhalant un parfum suave, sensiblement épicé, qui par certains aspects rappelait l’arôme capiteux du poivre noir du Ponant. Le traitement à base de sève de Fleur des Laves conférait au bois ces teintes et fragrances exotiques. On l’aurait presque dit chaud au toucher, une sensation que confirma le lige en y refermant le poing. Se levant, Yashiro emprunta deux longues flèches au fagot qui constituait le second paquet et les étudia consciencieusement. Un cœur de bois souple, un empennage de plumes d’aigle-loup cramoisies et une tête à l’acier miroitant. Chaque trait avait été enduit d’une laque mélangée d’essence florale provenant des Îles Brûlantes.

Poursuivant son examen, Yashiro prit position et éleva l’arme. Pour en éprouver l’équilibre, la précision, il demanda à Zurin de marquer un arbre de deux cercles concentriques, à quinze pas. Une distance modeste pour un initié au Kyūdō, la Voie de l’Arc, qui manquerait de pratique. Le lige plaça une flèche entre ses dents et encocha la seconde. Ses mouvements lui paraissaient gauches, maladroits. L’art de l’archerie requérait la maîtrise de son souffle, la discipline corporelle, une recherche de l’harmonie, de l’unité du corps et de l’esprit, de la flèche et de la cible. Autant de valeurs qui lui faisaient cruellement défaut à l’instant présent. Les extrémités de l’arc plièrent avec souplesse, libérant un éclair de bois rouge de près d’un mètre de long qui se ficha dans la section extérieure de la cible. Dans un second coup de tonnerre, aussi soyeux et silencieux que le battement d’ailes du papillon, l’autre flèche foudroya le cercle intérieur. Un mince sourire incurva les lèvres du lige. Avec une arme de ce calibre, même un novice dans son genre pouvait atteindre son but. L’arc était léger et rendait de bonnes sensations, son bois, flexible, était bandé avec peu de puissance mais se détendait avec cette violence et soudaineté dont éclate l’orage. Après avoir servi fidèlement son aïeule, il serait un compagnon idéal pour l’Héritière Genji. C’était une arme à la mesure de ses talents.

L’apprenti revint docilement vers lui, rengainant à sa ceinture le mince couteau de sculpteur dont il avait tailladé l’écorce d’un saule chétif. Le regard d’or de Yashiro, ayant achevé son patient examen, glissa distraitement sur le solide personnage, détailla les mains qui rangeaient l’outil, la démarche souple et féline dissimulée par les replis indigo du hakama, les yeux sombres fixés sur le sol de sable blanc. De nouveau auprès du lige, le solide personnage se pencha vers lui. Le dos voûté, l’attitude mercantile, il tenait ses mains jointes devant lui, et parla bas. De loin, tous deux dissimulés par les buissons émeraude piquetés de pivoines blancs, par les bosquets de saules épars et les créatures figées dans la pierre, silhouettes grises, difformes et engourdies, on aurait juré que le commis faisait entendre son prix. Pourtant, ses paroles lourdes et grinçantes, hachées par son accent rocailleux, étaient de toute autre nature.

- Les maîtres s’impatientent… Gronda faiblement Zurin, une étrange lueur embrasant soudainement ses iris couleur charbon.

Yashiro ne parut pas surpris, quoiqu’une ombre fugitive passa sur son visage. Les callosités s’alignant sur les mains du livreur, la corne sèche et épaisse qui en couvrait les paumes étaient les preuves d’une pratique du sabre assidue, bien différentes des durillons formés par le travail du bois. Il s’était douté d’à qui il avait à faire, en avoir la confirmation lui procurait toutefois un cuisant sentiment d’irritation.

- N’avais-je pas dit que je serai celui qui reprendrait contact… ? Souffla-t-il, le visage neutre mais chaque mot comme ourlé d’une imperceptible menace, sifflant froidement, tel l’acier dont on aiguise le tranchant. La colère miroitait dans l’ambre de ses yeux.

- Mais cela fait des mois… et ton labeur est cher payé… Un étrange sourire tordait les lèvres de Zurin, sa tête proche de la sienne, le lige pouvait sentir son souffle, l’odeur de cirage et de laque d’ébénisterie imprégnant ses vêtements, voir ses veines violacées et saillantes palpiter contre ses tempes. Les as-tu récupérées…? Disposes-tu seulement d’informations valables… ?

- Les Écritures ne sont pas ici, mais entreposées à Helior, sous l’œil vigilant de l’élite de la Garde Genji… et de bien plus encore.

- Alors que fais-tu encore ici… Il t’aura fallu six mois pour récolter ces maigres renseignements ? Persifla narquoisement l’étrange émissaire.

- Penses-tu que je pourrais, seul, m’introduire dans le vaisseau de l’ancien Seigneur Genji, y dérober les Écritures et m’évader, en l’espace d’une nuit ? Sans me faire repérer ou en terrassant la fine fleur des adeptes du Phénix ? Assez de sottises, Zurin.

- Alors que projettes-tu… ?

- Avec un peu plus de patience, vous l’auriez su sans tous nous compromettre… Yashiro soupira. Les Ecritures ont été décryptées, la Crypte est localisée et le Phénix y enverra bientôt quelques de ses meilleurs éléments. L’Héritière du Clan, Kaguya, en prendra la tête. En ma qualité d’homme-lige, je l’y suivrai tel son ombre.

- Et que crois-tu pouvoir faire là-bas… ? Précéder le corps de l’expédition, escamoter les quelques trésors que tu y trouveras, prendre la fuite… ? Seul contre tous ?

Il était curieux de voir que quelques mois suffisaient pour que ses commanditaires oublient comment il convenait de s’adresser à lui. Malheureusement, Yashiro n’avait pas le temps de leur rafraîchir la mémoire… Il se promit néanmoins de corriger le tir, un jour ou l’autre. L’accent singulier et le visage de Zurin demeureraient gravés dans sa mémoire.

- Précisément. Opina le petit homme, se détournant du commis. Ayant récupéré l’arc et le fagot de flèches restaurés par le maître-ébéniste, il mettait ainsi fin à leur entrevue. Le lige espérait que l’émissaire avait usurpé avec intelligence son poste d’apprenti, dans le cas contraire…

Un éclat de rire l’interrompit, faible et craquelé, semblable à une poignée de graviers roulant sur la terre sèche.

- On se demande parfois pour qui tu te prends…


La tête de Yashiro doucement se tourne. Ses yeux étincèlent, brasillent d’un éclat fauve, mordoré. Un large sourire révèle ses crocs, ride ses joues et plisse l’arrête délicate de son nez. Sa voix qui s’élève, au moment même où tombe la brise, où les feuilles chuintantes des arbres font silence, résonne curieusement, doucement, avec la trompeuse tendresse du velours.

- Je suis Ryūji. Et c’est bel et bien un Dragon, un Conquérant que Zurin trouve soudainement face à lui. L’arrogance transforme son visage, en exacerbe les traits, le modèle en un masque de chair, reflet d’émotions puissantes, impérieuses, que l’on peine à trouver humaines. Fierté et colère, malice et sauvagerie, les pensées que le Dragon semble avoir s’affichent dans les miroirs d’ambre à ses yeux, et Zurin y distingue son reflet, déchiré, déchiqueté par des crocs avides. Son intervention risque de compromettre des mois de patient labeur et une rage sourde embrase les entrailles de l’être dont les iris resplendissent d’un or flamboyant. L’espace d’un instant, le sang de l’émissaire se fige dans ses veines. Ses muscles se contractent, ses mains cherchent instinctivement le lourd sabre à double-lames avec lequel il remplit ses contrats. Une sueur glacée transpire sur sa nuque, depuis l’arrière de son crâne nu. Et le visage du Dragon s’efface, ses traits semblent flous alors qu’il se retourne. L’air paraît moins lourd, moins suffoquant.

Zurin ferme les yeux et retrouve sa sérénité coutumière, le calme nécessaire pour quitter la demeure sans attirer l’attention des gardes. Son cœur, toutefois, martèle encore furieusement sa poitrine.


Couchée sur le faîte du toit de tuiles ocre bordant la Cour Intérieure, une Ombre épie, emmitouflée dans un étroit repli de ténèbres épargné des cruelles lueurs solaires. Ses yeux percent sans effort la chair tendre de son antre obscur, explorent avec acuité l’abondante distance qui les séparent de ses proies. Ceux qu’Elle guette ne sont guère plus que des silhouettes frémissantes, des poussières que le plus faible des souffles du vent peut effacer, il lui est ardu de lire le mouvement de leurs lèvres, de déchiffrer la lumière dans leurs regards… mais l’instinct seul suffit à lui dicter la teneur de leur l’échange. Des éclats de voix, fragmentés puis égayés par la brise parviennent parfois à ses oreilles, confirment un soupçon, avivent un sentiment de froide colère.

Lorsque le commis fait mine de quitter les lieux, l’Ombre s’élance sur ses traces.




Edit Yuke: survie mai ok.
Ryūji
Ryūji
Chi: 1er Chakra
Chi: 1er Chakra

IRL
Masculin Age : 28
Messages : 342
Dans le RP
PAA : Ryuji, adulte & enfant
Peuple : Expatrié(e)
Métier : Légende Infamante
Situation : disparu

UE : 100
UEM : 200

Compétences :
Shotokan-ryu:
Patrimoine :
détails:

http://thelastairbender.forumactif.com/t235-presentation-ryji-le-dragon-conquerant#2398

Revenir en haut Aller en bas

[Rp métier] Phénix et Dragon Empty Re: [Rp métier] Phénix et Dragon

Message par Ryūji 31/10/2011, 13:06



Par-delà les fortifications, l’image rémanente s’évapora. Personne ne le vit bondir au-dessus des contreforts du manoir, piquer dans l’air brûlant à la rencontre du ravin. La vitesse fit danser sa combinaison rouge sombre comme le sol, abrupt et dentelé, ouvrait une gueule rocailleuse pour le recevoir. Mais il n’avait nulle crainte. Ses pieds trouvèrent appui sur une canine du monstre terrestre, puis filèrent souplement sur ses crocs acérés. Courrait-il réellement ? Car sur le roc ardent des crevasses de Rajjartha, il paraissait ondoyer, comme une ombre se meut sous le soleil, tout aussi fugace, tout aussi éphémère, tout aussi inquiétant.

Avec la légèreté du vol de l’épervier, c’est en un instant qu’il parcourut la fosse caillouteuse, s’en extirpant avec autant de facilité que s’il n’avait eu qu’à battre des ailes, chevauchant une rafale ascendante. Le peuple de la cité-volcan vit naître un soudain tourbillon de lin rougeoyant, aussitôt soufflé par le zéphyr qui soupirait dans son sillage. Un livreur laissa tomber une lourde caisse de choux, un prêtre de la Flamme Primale s’entortilla brusquement dans sa trop large vêture, et une fillette perdit même sa poupée de chiffon. Pour celle-ci, la tornade s’arrêta, récupérant in extremis le petit corps de laine écrue par son fond de culotte, juste avant qu’il ne percute sauvagement le trottoir, la tête la première.

La forme fugitive déjà tournoyait vers les sommets d’une pagode gibbeuse quand l’enfant la remercia pour son diligent sauvetage. Perché dans les cimes du temple écaillé, c’est du regard de l’aigle qu’il creva la distance le séparant de la citadelle Genji. Qu’il repéra le commis qui s’en revenait par l’allée pentue, serpentant au-dessus des périlleuses abysses que lui-même venait de traverser. Ce présumé apprenti, retournant chez son maître après sa livraison… sous-estimait le guêpier dans lequel il s’était fourré. Rien de moins que la tornade pourpre - elle-même - s’élançait sur ses traces.

Il gagna d’une volte le toit d’un atelier de teinture adjacent, caracolant dans les hauteurs brûlantes à la suite de sa proie. Sur elle planait l’ombre menaçante du faucon rouge, depuis toujours, singulier seigneur du ciel de Rajjartha.

***

Un épais bâton de marche au poing, Zurin regagnait la bicoque miséreuse que lui avaient louée ses commanditaires. Le bois heurtant le sol pierreux avec régularité, un bruit mat ponctuait les pas de l’émissaire, trop doux toutefois pour le tirer de ses pensées.

La mission s’achevait. Le corpulent mercenaire venait de couper les ponts avec l’archerie du maître-artisan Takumi et préparait maintenant un nouveau voyage vers Hélior. Conformément aux ordres. Il ignorait si sa rencontre avec le Dragon porterait ses fruits, mais avait tendance à penser que non. Les intermédiaires avaient cru pouvoir faire pression sur lui, mais lui avaient simplement compliqué la tâche. Zurin comprenait sans peine la manière abrupte dont il avait été reçu. Le Dragon avait une mission délicate à accomplir, longue et périlleuse, ce que les intermédiaires –blâmés pour leur manque de résultats- ne pouvaient guère accepter.

Néanmoins, étant l’un des derniers maillons de la chaîne de commandement, c’était là toute une affaire dont Zurin n’avait pas à se soucier.





Après observation minutieuse, enfin certains de leur victoire, ils frappèrent comme une volée de corbeaux. Ombres aux becs d’acier scintillants, ils jaillirent des toits par vagues successives, bloquèrent la ruelle de part et d’autres, et sautèrent à la gorge du mercenaire.

Le bâton claqua sèchement dans l’air, repoussant les nuées d’une virevolte foudroyante. Dans un sifflement cruel, l’arme déploya deux lames contraires, qui volèrent à la rencontre des corbeaux. Des gerbes rougeoyantes abreuvèrent le dallage de pierre tiède, tandis qu’au sein d’une tempête d’acier rugissante, Zurin tenait à distance la meute vorace de ses ennemis.

Les cottes de maille furent déchiquetées, les pluies de dagues assassines refoulées. Désarmé au cours de la mêlée, Zurin intercepta le bras de l’un de ses opposants, et le brisa sèchement du genou. De l’arme ainsi obtenue, il perfora le crâne du combattant suivant. Du corps de l’adversaire au membre fracassé, il bloqua une nouvelle salve de dagues, et lança la dépouille sur ses ennemis.

Il bravait les charognards avec orgueil et fureur, tel l’aigle-loup de ses terres natales d’Arahun, frappait et tuait sans la moindre pitié, méprisant les faibles et les lâches qui périssaient sous ses griffes. Ses plaies, nombreuses, auraient dû saigner en abondance, et pourtant, sa colère suffisait à les tarir. Où que l’entaillèrent ses adversaires, jamais son propre sang ne coula. Au plus fort du combat, les yeux du mercenaire se révulsèrent. De sa rage, brutale et aveugle, il en massacra dix encore.

Etait-ce du fait de la terreur que les corbeaux s’éloignaient maintenant de lui ? Non, ce n’était pas cela. Leurs regards demeuraient acérés, adamantins. Les ombres ne connaissaient pas la peur, mais elles reculaient néanmoins. Un tourbillon rouge et sombre se déploya sous les yeux du mercenaire, sous les accumulations d’étoffes empourprées, Zurin aperçut un masque de toile noire, et rencontra deux yeux charbons. Le mercenaire s’élança, ou plutôt le voulut-il, car on ne lui en laissa pas le temps. Fit-il à peine un pas qu’un éclair de douleur sourde le cloua au mur attenant, forant la roche dans un crissement râpeux. Le cri jaillissant de la gorge du mercenaire couvrit le son que fit le deuxième poignard en se plantant dans son autre épaule, suffisamment puissant pour percer la chair et s’enfoncer jusqu’à la garde dans un bloc de pierre.

Impossible de se dégager, à peine le voulut-il qu’on lui coupa le souffle d’un coup de talon. Son estomac lui parut se tordre, prêt à rompre, la souffrance qui lui déchirait l’abdomen lui fit reprendre ses esprits. Ses iris regagnèrent leurs couleurs, et les plaies commencèrent à saigner en abondance.

Zurin ne tarderait pas à perdre conscience, et pourtant, il leva une dernière fois la tête, brûlant de contempler le visage de l’homme qui l’avait vaincu.

- Qui… ? Souffla-t-il péniblement, perdu à la lisière de l’inconscience.

Au milieu des corbeaux, le faucon rouge lui murmura la réponse.

« Hake. » Un nom qui se grava dans la mémoire du mercenaire Arahun.




Edit Yuke: survie octobre validée.
Ryūji
Ryūji
Chi: 1er Chakra
Chi: 1er Chakra

IRL
Masculin Age : 28
Messages : 342
Dans le RP
PAA : Ryuji, adulte & enfant
Peuple : Expatrié(e)
Métier : Légende Infamante
Situation : disparu

UE : 100
UEM : 200

Compétences :
Shotokan-ryu:
Patrimoine :
détails:

http://thelastairbender.forumactif.com/t235-presentation-ryji-le-dragon-conquerant#2398

Revenir en haut Aller en bas

[Rp métier] Phénix et Dragon Empty Re: [Rp métier] Phénix et Dragon

Message par Ryūji 30/11/2011, 16:50

La dépendance du bureau de Shinro était un vaste couloir rectangulaire, aux murs lambrissés de cèdre blanc. Servant en grande partie au stockage matériel et documentaire des domestiques, la pièce n’était qu’amoncèlements d’armoires et d’étagères croulantes, successions de coffres bombés et de supports de rangement, le tout saturé de babioles diverses. Si l’ameublement et l’organisation s’avéraient chaotiques, l’endroit était toutefois d’une propreté scrupuleuse. Le bois, toujours lustré de frais, embaumait des essences de cire florale, un parfum suave qui se mélangeait à l’arôme vieilli des larges stocks de rouleaux d’étoffes et de parchemins.

Parcourir la pièce dans sa longueur requérait souplesse et méthode, aussi, esquivant les piles branlantes de dossiers à trier, les boîtes et cassettes de rangement semées sur son passage, Yashiro se décida à franchir le bric-à-brac d’un petit bond de rainette. Prenant appui sur le couvercle du premier coffre venu, il survola les vestiges ménagers de la famille Genji, se posa délicatement sur la tranche d’une porte d’armoire ouverte, pour finalement se laisser choir sur le tapis de peluche bleue qui ornait l’arrière-salle. Bien que sa jambe meurtrie lui lança un timide éclair de douleur, le visage du lige demeura impassible. Le cataplasme muselait efficacement les souffrances que lui infligeaient ses brûlures, mais le petit homme se jura néanmoins de profiter de la prochaine occasion pour distribuer quelques baffes supplémentaires à son partenaire d’entraînement. Des dégâts plus graves l’auraient rendu infirme, et Dohko ne s’en était manifestement pas soucié. Un sourire carnassier gagna les lèvres de Yashiro. Le jeune guerrier aurait à se tenir sur ses gardes dans les jours à venir.

Appuyé contre le mur du fond, les bras croisés, le doyen accueillit son supérieur d’un léger signe de tête. De ses yeux, gris et acérés, Shinro surveillait un petit être assis sur le tapis, qui devant une table basse chargée de victuailles, se remplissait la panse en bâfrant avec inélégance. Indifférent aux bruits de succions prononcés, aux manières grossières et au jus de viande qui voltigeait dans la précipitation, Yashiro vint se poser devant le garçon.

Sa crinière noire, inégale et souillée, plongeait irrégulièrement dans le plat de ragoût et de légumes, dont il se nourrissait de son unique main valide, par grosses poignées enfournées d’un seul trait. Bien qu’il fût déjà sale, on avait manifestement changé ses vêtements, l’habillant d’une solide tunique en drap beige et de braies assorties. Dans un coin de la pièce, un petit tas de haillons brunâtres et grouillants irait au feu d’ici peu. L’enfant était moins jeune qu’il l’avait pensé. Maintenant qu’il voyait de près son visage, aux traits fins, sinon gracieux derrière son masque de crasse, Yashiro estimait qu’il approchait des quinze années.

Le garçon leva vers lui un regard craintif, s’immobilisant de brefs instants d’indécision. Le lige s’en rassura. Dans les yeux sombres de l’enfant, il avait lu prudence et intelligence. Le gamin émacié, feignant de joyeusement se goinfrer, jetait de fréquentes œillades vers la porte de sortie, considérait les forces en présence et réfléchissait à son prochain coup. Les nobles ne venaient pas vous trouver par hasard, et jamais pour se contenter de vous donner des vêtements propres et un repas chaud.

- Que lui as-tu dit, Shinro ?

- La vérité. Que tu voulais qu’on te l’amène.

Se léchant avidement la main, dégoulinante de graisse, l’enfant dévisagea le lige avec appréhension. Il l’avait vu se déplacer pour les rejoindre, s’élever souplement dans les airs et franchir les décombres de son pas aérien. Cet adulte là, le garçon n’était pas sûr de pouvoir lui échapper si le besoin s’en faisait sentir. Néanmoins, il ne parla pas. Il n’osait pas, pas encore, pas alors qu’il en ignorait encore trop.

- Je vais t’acheter. Répondit le lige à la question muette de l’enfant. Tout ce que tu possèdes, ce corps, cet esprit, tes désirs et tes aspirations. Je vais m’en emparer. De cela, et de tout ce que tu auras à m’offrir.

La voix du petit homme charriait glace et cruauté. Ses paroles froides, vibrantes d’assurance, inspirèrent au garçon un poignant sentiment d’impuissance, d’inéluctabilité. Sa main qui recueillait un énième os de mouton abandonna mollement sa prise. La détresse humidifia le regard de l’enfant, qui pourtant, sentait un curieux espoir le gagner.

« En échange, je te donnerai un toit, de la nourriture et des vêtements propres. J’attendrai de toi une indéfectible loyauté, tu obtiendras de moi une infaillible protection.

Versant le contenu du pichet de saké froid dans une grande coupe de faïence verte, Yashiro poursuivit.

« C’est ainsi que maîtres et vassaux échangeaient leurs serments, jadis, lors des premiers pactes de servage des Îles Brûlantes. »

Le lourd calice, empli d’alcool de riz fermenté, passa au jeune garçon.

« Tu as un nom ? »

- Torahiko… Murmura l’enfant, soutenant péniblement le récipient de sa main unique. La peur s’était enfuie de son regard, n’y coulait plus que fascination. Comment aurait-il pu en être autrement ? La voix du lige paraissait vibrer, à la fois de confiance et de pouvoir. Ses mots fluaient, limpides et élégants, infiltraient son esprit pour en emporter les réserves, d’un unique torrent de majesté.

Les sourcils froncés, Shinro contempla l’échange. Désapprobateur, mais sans jamais piper mot.

- A mon service, tu seras Tora. Le Tigre. Pour toi, je serai Yashiro.
Maintenant bois. Abreuve-toi à ma coupe si tu acceptes mon lien, ma chaîne.


Et ainsi, Torahiko devint Tora.
Le mutilé un vassal ; le lige un maître.

« Je veillerai à ton bien-être. Tu accompliras mes desseins. »




Edit Yuke: survie novembre validée
Ryūji
Ryūji
Chi: 1er Chakra
Chi: 1er Chakra

IRL
Masculin Age : 28
Messages : 342
Dans le RP
PAA : Ryuji, adulte & enfant
Peuple : Expatrié(e)
Métier : Légende Infamante
Situation : disparu

UE : 100
UEM : 200

Compétences :
Shotokan-ryu:
Patrimoine :
détails:

http://thelastairbender.forumactif.com/t235-presentation-ryji-le-dragon-conquerant#2398

Revenir en haut Aller en bas

[Rp métier] Phénix et Dragon Empty Re: [Rp métier] Phénix et Dragon

Message par Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut

- Sujets similaires

Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum